Samuel Fuller

Article écrit par

Ode à un vrai franc-tireur du cinéma américain.

Samuel Fuller s’inscrit dans la veine des cinéastes francs-tireurs et aventuriers dont le cinéma se nourrit d’un vécu immense précédant leur carrière. Fuller, de par son expérience de reporter criminel, donnera ainsi des visions parmi les plus saisissantes de la jungle urbaine avec des œuvres comme Le Port de la drogue (1953) ou encore Underworld U.S.A. (1961), ce dernier innovant au cinéma la notion de Syndicat du Crime. S’il livre une œuvre cathartique avec l’autobiographique Au-delà de la gloire (1980), le réalisateur a su également faire partager indirectement son expérience de la guerre (il participa notamment au Débarquement en Normandie) dans des classiques traitant du front du Pacifique ou la Guerre de Corée tels que Les Maraudeurs attaquent (1962) ou encore Baïonnette au canon (1951).

En se focalisant sur les hommes et leur expérience du front, il a toujours su éviter les films de propagande dans ces récits guerriers. Fort de ce parcours, Fuller qui était également écrivain a su afficher une hauteur et un regard incisif sur le monde à travers le portrait peu reluisant des Etats-Unis. Shock Corridor (1963), The Naked Kiss ou Dressé pour tuer fixent une Amérique malade (racisme, violence, pédophilie) droit dans les yeux. Un parcours exemplaire et engagé pour un immense réalisateur.

Bonne lecture en attendant un prochain Coin du Cinéphile consacré à Bertrand Tavernier.

Réalisateur :

Pays :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…