Maladroit dans la pure fiction, sincère et juste dans la réalité sordide dépeinte.
Retour à la vie est une œuvre salutaire qui a le mérite de se pencher sur un thème peu traité au cinéma, la prostitution et l’exploitation enfantine dans les pays du tiers-monde. La volonté de la réalisatrice Illaria Borrelli d’aborder ce sujet naquit de la rencontre avec des personnes engagées contre la maltraitance des enfants dans l’Asie du sud-est. Elle décida alors de se rendre sur place au Cambodge et sera témoin du fléau en récoltant de nombreux témoignages d’enfants sur les traitements révoltants qu’ils subissent. Retour à la vie, par son aspect frontal, sa sincérité mais aussi ses nombreuses maladresses naît ainsi de cette révolte et cet engagement de la réalisatrice dont c’est le troisième film – son mari Guido Freddi premier assistant et réalisateur de deuxième équipe coréalise cette fois avec elle. Mia (Illaria Borrelli) célèbre photographe parisienne décide de rejoindre son mari installé au Cambodge pour son travail. A son arrivée elle découvre l’horreur par pur hasard : son époux fréquente des prostituées mineures dans les maisons closes locales. Profondément dégoutée par ce compagnon devenu un étranger, elle est ébranlée par le sort de ces fillettes soumises à la brutalité des adultes pour lesquels elles ne sont qu’une manne lucrative et soumise. Au terme de diverses péripéties Mia va emmener trois d’entre elles (dont celle fréquentée par son mari) dans une quête à travers le pays afin de les ramener à leurs familles. Ce fameux "retour à la vie" se rattache autant aux jeunes victimes qui pourront peut-être retrouver l’enfance à laquelle elles ont été arrachées qu’à Mia elle-même, occidentale superficielle et hautaine qui va s’humaniser au fil de cette odyssée.
Le film oscille entre la beauté formelle du renouveau des personnages lors du périple et vraie fange sordide dans la description cruelle du sort des enfants dans la maison close. La photo se fait immaculée et l’approche presque documentaire dans cette vision du Cambodge, tandis que l’approche est plus sobre et sèche lors des scènes de maltraitance, notamment celle initiale tout en suggestion glaçante. L’interprétation habitée d’Illaria Borrelli se conjugue à celle des interprètes juvéniles toujours justes, partagés entre candeur enfantine et voile de douleur contenue – notamment une remarquable Setha Moniroth. Si l’émotion fonctionne et que l’engagement sincère des auteurs se ressent à chaque instant, le film pêche cependant par son scénario simpliste. On comprend bien que la réalisatrice a voulu confronter son réalisme cru au mélodrame le plus exacerbé avec son lot d’incohérences assumé. Les bonnes intentions ne font pas tout, et parfois on tiquera sur certaines transitions et rebondissements quelque peu grossiers. La conclusion passant du cauchemar au conte apporte une lueur d’espoir bienvenue mais ce qui nous y a amené relèvera d’une suspension d’incrédulité parfois dure à maintenir (l’évasion, la soudaine bienveillance des policiers corrompus, la course-poursuite finale…). Dès que le récit s’essaie à une dramaturgie un peu forcée, l’intérêt se dilue tandis que les instants contemplatifs envoûtent et les souffrances des enfants serrent le cœur (cette fillette rejetée par sa mère car désormais souillée et maudite). De bonnes intentions et un propos fort auquel on est prêt à pardonner ses nombreuses facilités tant le sujet est crucial.
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…
Lundi 7 juillet, au cours d’une cérémonie à la cinémathèque française, un long métrage et un court métrage se verront attribués le prix Jean Vigo, 2025. Wang Bing sera également récompensé pour l’ensemble de son œuvre.
L’anthologie du suspense et de l’humour orchestrée par Sir Alfred Hitchcock. 268 histoires courtes – dont un grand nombre d’inédits- à dévorer sans modération.