Rencontre avec Karim Moussaoui

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Son nom est certes peu familier du grand public, mais il est à retenir. Assistant de Téguia dans Inland, ce jeune réalisateur n’est pas si néophyte que cela. Sa réflexion sur le cinéma lui donne une certitude : se démarquer coûte que coûte !

Connaissais-tu l’œuvre de Tariq Teguia avant de te retrouver sur le plateau d’Inland ?

Oui. J’avais vu Rome plutôt que vous, son tout premier long-métrage, durant les rencontres cinématographique de Béjaia et j’ai tout de suite été impressionné par son travail. J’avais remarqué que c’était un réalisateur intelligent et bien qu’il n’avait pas beaucoup de moyens, il avait fait un travail formidable sur l’image avec un récit très ouvert et qu’on pouvait lire a tous les niveaux.

Quelle est ta formation au sein du cinéma ?

Je n’ai pas eu de formation dans le cinéma, mais j’y suis arrivé par curiosité d’abord puis j’ai fini par fabriquer des films et avec le temps j’ai su ce que je voulais faire.

Tu as déjà réalisé des courts-métrages dont le très beau « Petit déjeuner », tu concevais d’être assistant comme une continuité logique dans ton apprentissage du cinéma

Je n’ai jamais rien envisagé dans le cinéma. Au début, je prenais ce qui me tombait dans les mains et par la suite j’ai commencé a savoir ce que je ne voulais pas faire. J’avais compris qu’être réalisateur, ce n’était pas uniquement apprendre deux ou trois techniques ou bien maîtriser une méthode de travail pour réaliser un film. Ce n’est pas suffisant, il faut d’abord un travail personnel à faire, un travail de réflexion pour chercher de nouveaux procédés de réalisation, un travail sur l’écriture du scénario. Souvent les réalisateurs me parlent d’un bon et d’un mauvais scénario, je crois que c’est prétentieux de croire qu’on connait un bon d’un mauvais scénario, on peut parler que de cohérence des idées et des images qui pourraient montrer une maîtrise du sujet, le reste est une question de point de vue. Mais je peux parler d’une formation personnelle qui s’est faite dans le ciné club de l’association Chrysalide. Nous avons passé cinq ans à proposer des films suivis de débats afin d’analyser. Cela m’a permis de voir autre chose, de refuser de me confiner dans un seule registre. Tout m’intéresse et il faut savoir qu’au sein de l’association, nous mettions un point d’honneur à projeter des œuvres indisponibles dans la vente ou dans les salles, notre but étant de faire une programmation alternative. Nous avons montré qu’il est possible de sortir du langage classique du cinéma et c’est la où je veux m’inscrire, je voudrais faire une vraie proposition cinématographique dans mes prochaines créations.

Comment t’es-tu retrouvé sur le plateau d’Inland ?

Après avoir vu Rome plutôt que vous, j’ai contacté Tariq Téguia et je l’ai félicité pour son film. Par la suite, l’association Chrysalide programma son film et j’eus l’occasion de le rencontrer et de lui proposer de me recruter dans son prochain film tout en gardant bien de lui parler d’un quelconque poste d’assistanat. Je pense qu’il a très vite compris mes intentions.

Est-ce que les méthodes de travail de Teguia t’ont intriguées dans un premier temps ?

Quand nous avons commencé le tournage, j’avais déjà un aperçu de son travail et de ses méthodes par le biais de son chef-opérateur et bien entendu par les propos de Tariq. J’avais aussi deviné que ce réalisateur ne reculait pas devant le manque de moyens et cela je l’avais vu dans Rome plutôt que vous.

Quelle fut la séquence la plus dure à finaliser ?

Toutes les séquences étaient complexes à finaliser, Tariq trouvant de nombreuses choses intéressantes à filmer. Il pouvait refaire un plan 30 fois de suite quand les comédiens ne donnaient pas ce qu’il cherchait. Il arrivait aussi qu’on travaille sur une séquence avec beaucoup de personnes à gérer alors que nous n’étions une petite équipe. Donc globalement, il y avait pas mal de travail.

Avais-tu une vision de ce qu’allait devenir le film ?

Avant de commencer le tournage, j’avais compris dans quel registre Tariq s’était inscrit et cela me suffisait amplement, mais je ne savais pas ce que le film allait donner même si je devinais légèrement

En tant qu’assistant, quelle a été ton degrés d’investissement dans la finalisation de ce film ?

Je n’ai pas eu un rôle dans la finalisation du film car toute la post-production s’est faite en France

Prenons le cinéma algérien, avais-tu eu d’autres expériences avec des cinéastes aussi différents que Tariq Teguia ?

Non ! Faut dire que je ne fais rien pour provoquer cela. Je travaille dans des films quand je suis curieux de connaître ou de voir une méthode de filmage que j’aime. J’eus tout de même l’occasion de jouer avec Nadir Moknèche.

Quel est ton avis sur les changements au sein de cette cinématographie (algérienne)

Il est clair pour moi qu’il y a une nouvelle génération de réalisateurs assez intéressante. Il faut les suivre, malheureusement en Algérie nous n’avons toujours pas réussit à libérer le cinéma du point de vue de la création et de l’économie.

Que retiens-tu de cette expérience teguiesque ?

Qu’il ne faut pas attendre pour faire un film


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