Première année

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Année difficile.

Réalisateur atypique, puisqu’il est aussi médecin généraliste, fait assez rare et baroque qui mérite d’être souligné, Thomas Lilti puise son inspiration dans cette pratique qui l’a toujours inspiré. Après le très remarqué Hippocrate en 2014, puis Médecin de campagne en 2016, voici donc Première année avec, encore une fois le talentueux Vincent Lacoste, auquel s’est adjoint le convainquant William Lebghil. Il fallait d’ailleurs un certain culot pour oser tourner un film sur la première année de médecine en France, réputée pour sa très grande difficulté. Thomas Lilti pose sa caméra et observe les échanges et l’amitié naissante entre deux étudiants de première année de médecine que tout oppose, et d’abord leur classe sociale. Le réalisateur a fait aussi un très grand travail d’observation du monde de l’université avec ses absurdités, ses injustices, et insiste parfois sur cette mécanique très bien huilée mais quelque peu aléatoire de la vérification des connaissances. Les scènes dans l’amphithéâtre ou dans les immenses entrepôts transformés en salles d’examen sont criantes de réalisme et il est à noter le travail de fourmi au niveau de l’image et de la lumière (Nicolas Gaurin), des décors (Philippe Van Herwijnen), des costumes (Dorothée Guiraud), du montage (Lilian Corbeille), et on en oublie sûrement. C’est dire que le film est un petit bijou qu’il faut s’empresser de voir même si l’on n’a pas expressément envie de faire des études, y compris et surtout de médecine car le propos et le scénario, de Thomas Lilti lui-même, auraient de quoi décourager les plus entreprenants de nos étudiants.

 

 

Au niveau justement du scénario et du traitement de l’histoire, la mise en place d’une sorte de duo antagoniste est un des classiques du théâtre et du cinéma et, dans Première année, il fonctionne à la perfection reposant sur le talent des deux protagonistes principaux qui parviennent avec un naturel remarquable à entrer dans leurs personnages que tout oppose en fait au départ et qui finiront par se retrouver dans l’amitié, parvenant même à se soutenir dans ces moments particulièrement éprouvants où l’on peut même perdre presque la raison comme on le voit dans le film. Au départ, Antoine (Vincent Lacoste) est un étudiant de milieu modeste en première année de médecine qu’il triple. Il rencontre par hasard Benjamin (William Lebghil), fils de médecin et d’universitaire, qui au départ semble un peu glandeur et qui se lie d’une amitié profonde avec Antoine, allant même jusqu’au sacrifice. « C’est aussi un film sur l’amitié, déclare Thomas Lilti dans le dossier de presse du film. C’était important de montrer qu’au milieu de cette épreuve, quelque chose de beau pouvait se créer. Le cœur du film c’est, au fond, la relation entre Benjamin et Antoine. Le maître et l’élève. Sauf que les choses évoluent. Et pas forcément dans le sens où on l’attend. Il fallait qu’à l’écran, leur complicité soit évidente et immédiate. Ils se soutiennent, s’épaulent, vivent ensemble quelque chose de fort. » Et c’est tout à fait vrai, et c’est aussi une réussite car ce très beau film est une ode à l’amitié, celle réelle qui rend plus fort car elle fait fi des rivalités de classe ou d’ambition pour se fixer sur le dépassement de soi. La réussite du film vient aussi du fait d’avoir su résister à la sempiternelle histoire d’amour qui aurait perturbé le propos du réalisateur. Il va sans dire qu’on aimera beaucoup ce film dont la musique est composée par LoW avec qui Thomas Lilti collabore pour la troisième fois.

Titre original : Première année

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Durée : 92 mn


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