Pop Redemption

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Un film surprenant, au côté décalé assurément assumé, mais qui inégal, laisse un certain goût d’inachevé. Dommage…

Martin Le Gall signe, avec Pop Redemption, son premier long métrage. Un film surprenant, complètement décalé, complètement barré, complètement déjanté, bourré d’incohérences, de raccourcis et de facilités scénaristiques, jouissifs parfois, mais qui manque de relief et d’audace. Et surtout, d’acteurs capables de mieux incarner cette bande de loosers embarqués dans une histoire improbable.

Les Dead Makabés forment un groupe de black metal (la variation la plus dure et la plus satanique du métal…) au bord de l’implosion : de ses quatre membres, seul le chanteur tente de maintenir la fougue et l’allant des débuts. Mais le lien qui unit nos métalleux se délite inexorablement : c’est que nos quatre lascars ont passé la trentaine, et à cet âge, les priorités commencent à changer… Les voici partis dans une ultime « tournée » lorsqu’une vilaine embrouille avec le manager d’un bar paumé dans lequel ils devaient assurer une représentation tourne au drame : le manager clamse, nos héros prennent leur jambe à leur cou, et débute une fuite en avant aux allures de parcours initiatique.

 

C’est donc bien à un road movie que l’on a le droit. Un périple un peu fou, rythmé par des revirements de situation fort peu crédibles, mais sympathiques au demeurant, pour peu que l’on accepte l’idée que rien ne sera vraiment trop normal dans ce récit. Les évènements ne présentent aucune vraisemblance, prennent rapidement une tournure loufoque, s’égarent dans d’ubuesques exagérations. Pop Redemption, c’est comme une histoire que l’on entend de quelqu’un qui l’a entendu de quelqu’un qui l’aurait entendu de quelqu’un. Mais paradoxalement, on aurait peut-être aimé (attendu ?) que le film aille encore plus loin dans son parti pris, qu’il parte dans une férocité à la Bernie Noël ou qu’il lorgne vers la douce folie poétique des road movies des frères Coen.

S’il assume certes son statut « d’ovni », Pop Redemption semble un peu timoré, comme s’il essayait de « contrôler » ses dérapages scénaristiques. Dommage, car après le très bon départ, ponctué par le massacre hilarant du gérant du bar, on s’attendait peut-être à un périple beaucoup moins « fleur bleue », plus sauvage, avec plus de testostérone. Il fallait évidemment jouer avec les codes du métal, mais les péripéties rencontrées par nos quatre héros, si elles prêtent à sourire, restent souvent du domaine de la farce insignifiante.

 

Mais la plus grosse carence du film réside dans ses personnages. Finalement, ce qu’on pourra regretter au plus haut point, c’est surtout le manque de souffle des protagonistes, auxquels on ne parvient jamais vraiment à s’attacher. Il eut peut-être fallu jouer la carte du « film de potes » et laisser une place plus importante aux trois amis du héros principal, le chanteur. Mais ceux-ci sont allègrement sabordés. Leurs intentions et leurs ressentis, quand ils sont abordés, sont sacrifiés sur l’autel du gag. On a l’impression qu’ils sont les faire-valoir du héros, dont le personnage est un peu plus fouillé. Mais malheureusement, il fallait compter sur un acteur capable de donner de l’envergure à ce chef de gang complètement loufoque, pathétique et bien paumé. Ce que Julien Doré ne parvient pas à incarner, par manque de crédibilité et de charisme. Ses acolytes n’étant guère plus convaincants (seule Audrey Fleurot, dans un rôle secondaire, est impeccable, comme souvent), ces Dead Makabés nous sont certes sympathiques, on n’est pas sûr qu’on s’en souvienne au-delà de ces quelques 90 minutes de métrage.

Au final, il ne manquait pas grand-chose pour faire de ce Pop Redemption un « premier film » prometteur. Il y a bien ce côté décalé, ce grain de folie, cette légèreté teintée de poésie qui jaillit de temps à autre, mais pour ne pas avoir su ou pu imposer des personnages plus attachants et plus marquants, il demeure un film inégal et au goût d’inachevé. Malheureusement vite vu, vite oublié.

Titre original : Pop Redemption

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Durée : 94 mn


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