Naomi (Hitparzut X)

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Désespérément lent et mou, sans profondeur ni suspense, un thriller psychologique dans lequel rien ne va.

Premier film du metteur en scène de télévision israélien Eitan Zur, Naomi est une tentative malheureuse de thriller psychologique. Mal écrit, mal interprété, sans réelle idée de mise en scène, le drame, chaussé de ses gros sabots, y chemine avec lourdeur et gravité, suivant les pérégrinations d’un professeur à l’université d’Haïfa, devenu par jalousie meurtrier de l’amant de sa femme. La seule bonne idée du film reste l’utilisation dramatique de la topographie de cette ville ayant finalement assez peu souvent intéressé le cinéma. Mais elle est trop peu poussée pour injecter de quoi nourrir véritablement la fiction, trop prise dans une mise en scène qui ne parvient pas à investir son objet pour le rendre vivant. Décorative, elle permet de proposer des images d’Israël assez loin de celles habituellement servies, mais ne suffit pas à sauver un ensemble extrêmement laborieux, assez proche de certains feuilletons policiers de milieu d’après-midi : plat, du début jusqu’à la fin.

S’installant avant tout dans la tête de son personnage principal, le cinéaste multiplie les efforts visant à faire éprouver sa descente aux enfers, entre la naissance du soupçon de l’adultère, sa découverte, le meurtre survenant sur un coup de folie dans une scène absolument ridicule (l’arme du crime étant une pipe), la crainte que la police trouve le corps et que sa culpabilité éclate aux yeux de tous (dont sa femme)… C’est là que le film révèle un cruel manque d’imagination, ne trouvant d’autre moyen d’évoquer le dilemme moral de son professeur de physique que de multiplier les plans sur son visage dont les émotions ne varient que de l’angoisse face à l’inéluctable à l’expression d’une certaine consternation. Imposant bien plus que de raison ce masque crispé, trop souvent doublé de mimiques empruntées, le réalisateur prétend faire partager les conflits qui se jouent au plus profond de cet homme en surlignant une souffrance dont l’uniformité contamine un déroulement qui ne prend jamais l’épaisseur nécessaire.

L’absence de nuances et de finesses dans l’écriture des personnages est un défaut fatal dans un film qui prétend s’appuyer en premier lieu sur la psychologie. Ici, les scènes de dialogues échouent chaque fois à installer une tension, que ce soit entre le physicien et se femme, entre lui et sa mère qui est pourtant amenée à jouer un rôle pour le moins ambigu, ou encore avec cet ami d’enfance devenu inspecteur de police. Riches de potentialités, ces situations avortent pourtant chaque fois. On se dit alors que ce masque envahissant du personnage est un peu aussi celui du réalisateur face au caractère inextricable de sa situation : pas de scénario, pas de direction d’acteurs, pas de mise en scène. Bref, on n’est pas loin du néant. A force de vouloir jouer sur les non-dits (le professeur Ben-Natan doit après le meurtre vivre au quotidien avec sa femme, sans rien laisser soupçonner), la trivialité des conversations, la contenance émotionnelle, sans l’horizon des moyens de la mise en scène, celui-ci finit par ne faire rien d’autre que produire un film qui ne dit rien (caractérisé par une absence totale de point de vue moral), trivial et sans relief.

Titre original : Hitparzut X

Réalisateur :

Acteurs : ,

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Durée : 102 mn


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