Montpellier ville ouverte… au cinéma méditerranéen

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Jusqu’au 1er novembre, la capitale du Languedoc-Roussillon projette son beau regard vers le cinéma du bassin méditerranéen. Et plus encore : élargissant l’horizon de Milan au Caire, en passant par Marseille, Lisbonne, Istanbul ou Tbilissi, la 31e édition de Cinemed offre à voir 239 films…

Explications, sous forme de gros plans, avec Jean-François Bourgeot, son directeur depuis 2002.

L’histoire

« C’est la 31e édition, même si le Festival au sens strict du terme, avec sa compétition, n’a démarré qu’en 1989. En fait, à l’origine, il y a le ciné-club Jean Vigo qui, s’essoufflant à la fin des années 70, et pour prolonger son amour très profond du cinéma italien qui lui-même… s’essoufflait, décide de créer la "Semaine du cinéma italien" à Montpellier. En 1980, ces Rencontres, co-fondées par Henri Talvat, aujourd’hui président du Festival, s’élargissent à la Méditerranée, même si la section italienne demeure toujours très forte. Et puis, petit à petit, c’est la notion de Méditerranée qui, à son tour, s’élargit. On programme des films du Portugal, de la Mer noire, qui est aussi une extension naturelle de la Méditerranée, il n’y a qu’à voir les films géorgiens ! Voilà : aujourd’hui, Cinemed, ce sont des films originaires de quelque 25 pays, qui n’ont pas tous accès à la mer, comme la Serbie, certes, mais dont la culture est essentiellement méditerranéenne. Et puis, aussi, depuis 1989, Cinemed ce ne sont plus des Rencontres, mais un Festival, avec une compétition, qui se déroule au Palais des Congrès, là même où l’on dispose d’une salle de 2000 places, une autre de 750 et une encore de 400. C’est une montée en puissance forte pour nous. Aujourd’hui, je pense que l’on est à un niveau que l’on peut difficilement dépasser, désormais.

Les temps forts de 2009

« Le premier temps fort de cette 31e édition, c’était d’abord la venue de Théo Angelopoulos avec Irène Jacob, qui joue dans son nouveau film, The dust of time. La rencontre était animée par Michel Ciment, et c’était formidable ! Amenabar, aussi, qui m’a confié sa surprise, son émotion, lorsqu’il s’est retrouvé face à une salle de 2000 personnes. Et puis la rétrospective des films d’Elio Petri. Sa veuve était là, avec plusieurs journalistes de la revue Positif. C’est un cinéma fort du patrimoine, un cinéma politique. Voilà : dans les jours qui viennent, on attend beaucoup de la table ronde sur le renouveau du cinéma turc. On est très content, également, d’accueillir, en avant-première, le nouvel opus de Francis Ford Coppola, Tetro, ou celui de Xavier Giannoli, À l’origine, dans une version remontée par rapport à celle de Cannes. Le réalisateur sera là, en compagnie d’Emmanuelle Devos, d’ailleurs. Quoi d’autre ? Ah oui ! On se réjouit à l’avance de la soirée du samedi 31 octobre : Alex de la Iglesia vient exprès pour présenter une nuit consacrée exclusivement à ses films ! La carte blanche-hommage consacrée à Emmanuel Mouret, en sa présence également, avec ses longs métrages mais encore ses courts réalisés pendant la Femis, risque elle d’être très solaire. Enfin, on est fier de projeter en avant-première L’étranger de Luchino Visconti en copie neuve restaurée.

                                                                                             

Le public

« Nous, notre devise et notre projet, c’est de montrer du cinéma d’auteur au grand public. En fait, on fait un festival pour les gens… À Montpellier, cette année, ils pourront voir 239 films, des longs, des courts, des documentaires, des films expérimentaux… Certains ont déjà des distributeurs, d’autres n’en auront pas en France. L’essentiel, encore une fois, c’est que les gens voient les films et… voient les gens qui font les films ! Le fait est que là, depuis le 23 octobre, on explose le nombre de pass… Avec 70€, tu peux voir plus de 50 films en dix jours, c’est pas mal ! Je croise même des gens qui râlent gentiment, parce qu’il leur faut faire des choix ! En gros, en intégrant les scolaires, je pense que cette année en tout cas, on comptabilisera quelque 80 000 entrées.

La phrase

« C’est Merzak Allouache qui l’a prononcée, dimanche soir, en présentant son film, Harragas. Il a dit que la Méditerranée était en train de devenir un linceul, avec tous ces gens qui essaient d’échapper à leur pays pour rejoindre l’Europe du Nord. C’est vrai que la Méditerranée, aujourd’hui, c’est un ensemble de pays où les gens souffrent pas mal. Même si c’est un espace où, de toute façon, il y a toujours eu cette notion de déplacement. Sauf que là, il s’agit peut-être davantage d’exil. Economique et politique. De souffrance. Et indéniablement, cela marque beaucoup le cinéma contemporain. Donc Cinemed aussi, forcément.»

                                                                                             

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