Milarépa, la voie du bonheur (Milarepa)

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Réalisé par Neten Chokling, un jeune cinéaste Bhoutan qui serait la réincarnation du grand yogi tibétain Chokgyur Lingpa, Milarépa ne manque pas d´interroger notre conscience de cinéphages occidentaux.

Venu de ce petit pays guère plus grand que la Suisse, coincé dans les hauteurs himalayennes entre Chine et Inde, Milarépa, la voie du bonheur,
se pose comme une possible alternative à notre pauvre société de consommation qui a fait la preuve patente de son échec et de sa nocivité. Il nous faut vite acquérir un supplément d’âme ! Et les sirènes chères à la prémonition de Malraux ne manquent pas de résonner à nos oreilles. Entre religions écrasantes sous le poids du dogme et mode de vie et de pensée, qui gagnera et qui saura apporter un souffle nouveau qui nous débarrassera un peu du matérialisme triomphant ? La réponse se fait attendre mais ce film nous apaisera un temps, sans pour autant vouloir nous convertir au bouddhisme tibétain.

D’ailleurs, le film porte comme sous-titre français « La voie du bonheur ». Il raconte la première partie de la vie de Milarépa, au XIe siècle au Tibet, par le biais d’un parcours initiatique qui conduit cet homme ordinaire de la colère et la vengeance à la sérénité et la compassion. Un chemin que nombre d’entre nous, à commencer par nos dirigeants politiques planétaires, devraient apprendre à suivre. Originaire d’une riche famille de marchands, Milarépa mène une enfance privilégiée jusqu’au jour où son père meurt et où son oncle le dépouille, ainsi que sa mère et sa jeune sœur, de leurs richesses. Sa mère vendra un champ pour pouvoir envoyer son fils Milarépa en formation chez un sorcier qui l’initiera à la magie noire, lui donnant enfin les moyens de détruire le village de son oncle. Mais il apprendra très vite que la vengeance et la méchanceté ne conduisent pas au bonheur. Ce nouvel apprentissage, il l’accomplira en rencontrant fortuitement un vieux moine bouddhiste dans la montagne. Celui-ci lui déclare : « Les ennemis naissent de ton esprit. Pour les vaincre, cesse les actions négatives. Cultive les actions positives et maîtrise ton esprit. » L’histoire de Milarépa est de ce fait devenue la clé de voûte du bouddhisme tibétain mais aussi du patrimoine spirituel mondial, ouvrant sur la sagesse millénaire qui nous prédit… le bonheur terrestre pour 2011. Plus que deux ans à attendre. Patience dans l’azur…

Pas étonnant que les stages de yoga et de bouddhisme fassent florès dans nos villes stressées par excellence (Paris en tout premier lieu), où les cyclistes sont enragés, où les piétons dans le métro et sur les trottoirs ressemblent de plus en plus à des fourmis hargneuses. Il est temps que la sagesse et la sérénité nous habitent, il en va de l’avenir de notre société devenue folle. On s’étonne d’ailleurs que les écologistes n’en parlent jamais, car on ne peut pas en attribuer la faute à la seule économie, même si cette dernière n’est bien sûr pas innocente. Un film comme Milarépa peut apporter sa pierre à l’édifice pédagogique, sans aucune intention de prosélytisme religieux, au contraire. De plus, réalisé comme un western ou un film de kung-fu, avec de beaux effets spéciaux discrets, Milarépa montre que le Bouthan aussi peut faire de très beaux films. Avec lui, cultivons alors les actions positives.

Titre original : Milarepa

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Durée : 90 mn


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