Mauro Bolognini

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Pour ce Coin du cinéphile, hommage à un esthète et maître du mélodrame italien.

Maître du cinéma italien quelque peu sous-estimé, Mauro Bolognini souffre encore aujourd’hui d’un immense malentendu. Surtout connu pour ses grandes fresques en costumes, Bolognini fut constamment résumé à cette recherche formelle masquant une superficialité qu’on ne trouvait pas chez Luchino Visconti, auquel il fut constamment comparé. Bolognini, s’il n’a pas au départ le talent brut du réalisateur du Guépard, finit pourtant par l’égaler au fil d’une progression remarquable. Accolé à de grosses comédies à ses débuts dans les années 50, Bolognini acquiert progressivement une conscience et une patte formelle singulières durant sa collaboration avec un Pier Paolo Pasolini encore scénariste. Le réalisateur s’imprègne des préoccupations sociales et politiques de son scénariste à travers des œuvres post-néoréalistes comme Les Garçons, Le Bel Antonio et l’entre-deux que constitue Le Mauvais chemin et qui marque la bascule vers le film historique et romanesque.

Cette veine romantique et surannée est la cause d’une méprise concernant Bolognini qui restera toujours partagé entre ses velléités réalistes et une touche tendant vers le grand mélodrame, en adaptant souvent de grands classiques de la littérature italienne et française du XIXe siècle. La perfection picturale y côtoie la grande tragédie comme dans Bubu de Montparnasse, avec un réalisme loin de l’enluminure clinquante et témoignant du grand savoir de cet ancien étudiant en architecture. De plus, Bolognini, même dans ses récits inscrits dans le passé, n’aura jamais cessé de se préoccuper du présent. Son polar Chronique d’un homicide, sa fresque Liberté, mon amour, l’étrange Vertiges et surtout le somptueux Metello sont de passionnantes réflexions sur l’Italie alors plongée dans les « années de plomb ». Chacun de ses films (hormis Vertiges) témoigne d’une foi et d’un farouche espoir d’une fin à cette spirale de violence et d’idéologie avant un constat désabusé dans L’Héritage, une de ses œuvres les plus célébrées.

Bonne lecture avant un Coin du cinéphile qui se penchera sur les différentes relectures possibles du conte de fées au cinéma.


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