Les textes sont l’œuvre de spécialistes (Eisenschitz, Rauger, Bénoliel, Berthomieu…). Ils sont accompagnés d’une riche iconographie sur papier glacé, invitant à flâner entre les pages, à laisser (re)venir à soi les films connus ou pas, tout en parvenant à participer, pour ce qui est des périodes les plus denses du studio en termes de production (les années 30-50), d’un foisonnement qui emporte dans le même mouvement La Soif du mal (1958) d’Orson Welles ou L’Étrange créature du lac noir (1954) de Jack Arnold.
Ce travail d’Histoire du cinéma, par la programmation et par l’écriture, s’inscrit dans une démarche énoncée dès les premières pages : comprendre la fabrique du cinéma, en l’occurrence du cinéma hollywoodien, par les rouages du système, l’évolution de lignes directrices déterminées par les hommes du studio, les rencontres et l’établissement de conditions favorables (ou non) qu’elles entraînent, éléments ressortant de l’observation d’un « génie du système » à l’œuvre, qui n’a pas vocation à éliminer la notion d’auteur, mais à la complexifier. Universal sert en quelque sorte ici de cas concret à cette conception aujourd’hui peu discutable.
L’Étrange Créature du lac noir de Jack Arnold
Il laisse finalement sur le sentiment de quelque chose d’aujourd’hui assez éteint. Le manque de personnalité de certaines des plus grandes affiches des années 70 (L’Arnaque, George Roy Hill, 1973 ; Airport – George Seaton, 1970 ; et cætera), le choix de deux films assez ternes, le Gladiator (2000) de Ridley Scott et le King Kong (2005) de Peter Jackson, pour illustrer toute la période de 1982 (post E.T. – Steven Spielberg, 1982) à 2012, se révèlent symptomatique d’une absence d’engagement esthétique. Ce qui plaisait chez Universal survit ailleurs, notamment dans certaines productions Amblin’ (un îlot au milieu de Universal City) comme l’indique Berthomieu dans son texte sur Spielberg, ou encore dans les films SF de chez Paramount.
(1) Opus cité, p.91.