Livre : Le documentaire, un autre cinéma

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Le documentaire, un autre cinéma – Guy Gauthier, Armand Colin – Coll. Cinéma, 2008, 430 p.- 3e éd

Cet ouvrage est une troisième édition – preuve certaine d’un succès public – mais je confesse n’avoir lu aucune des deux versions antérieures (Nathan, Coll. Fac Cinéma, 1995 et 2000), ayant, nonobstant, dévoré du même auteur – parmi ses nombreux autres livres sur le sujet – Le documentaire passe au direct (co-écrit avec Philippe Pilard et Simone Suchet, vlb éditeur, 2003) et Un siècle de documentaires français, des tourneurs de manivelles aux voltigeurs du multimédia (Armand Colin, Coll. Cinéma, 2004) (cf. leurs notes de lectures respectives dans Les Cahiers de la Cinémathèque n° 75 et 78).

Par rapport à ces deux ouvrages cités, ce pavé conséquent de plus de 400 pages, à la fois livre d’histoire et d’esthétique et dictionnaire spécialisé des cinéastes , genres et films du documentaire, étudie le phénomène mondial du documentaire devenu genre cinématographique. Le plan est clairement tripartite. Une première partie, historique, retrace Les grandes périodes du documentaire, du muet, au parlant et numérique ; une seconde, Le balisage du territoire, l’analyse du processus d’élaboration d’un film documentaire ; une troisième, Le partage du documentaire, une typologie des différents genres. Si l’intitulé suggère que le documentaire est un cinéma à part, longtemps mésestimé du grand public et réservé aux seuls cinéphiles, l’introduction, Un objet filmique mal identifié, souligne – à juste titre – que, contrairement aux idées préconçues, la définition duale du genre est quelque peu erronée.

Opposer fiction (« ce qui n’est pas réel ») au documentaire (« ce qui est réel », « qui enseigne ou renseigne ») est trop simpliste. Ce n’est plus d’actualité, d’autant que les deux se rejoignent de plus en plus : non seulement la caméra sur l’épaule multiplie les films de fiction, les réalistes et directs, mais le documentaire s’offre le luxe de remplir le grand écran, contrairement à certaines fictions ! Mieux, avec Bowling for Columbine de Michael Moore, qui reçoit en 2002 le Prix du Festival de Cannes au détriment de ses grands frères de fiction, le documentaire gagne définitivement ses galons critiques et populaires. Désormais, il épouse sans complexe toutes les formes : journal intime, charge politique, enquête sociologique, analyse historique, animalier écologique… Il séduit tous les milieux et devient un nouveau et immense champ disciplinaire du cinéma. Le dernier chapitre (inhérent à cette 3e édition), le 13 (vivement, pour les superstitieux, une 4e édition pour un chapitre 14 !), dresse le bilan et les perspectives pour ce début de siècle (2000-2007).

La caméra, de plus en plus légère et réduite, limite les équipes au strict minimum : une seule personne, facilite les déplacements lointains et ardus et multiplie les prises de vues. Le cinéma est enfin libre et le documentariste devient définitivement, pour reprendre le titre maintenant prémonitoire d’un film de Dziga Vertov, L’homme à la caméra. Enfin, Des paroles de cinéastes, Une filmographie mondiale conséquente (100 pages) et une Bibliographie de référence internationale parachèvent le tout. Pour conclure, un ouvrage déjà basique, naturellement documenté, qui se bonifie au fil(m) et à mesure des éditions.


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