Lina Wertmüller

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Le plus grand réalisateur italien des années 1970 est une réalisatrice.

Le style virulent, tapageur et excessif de Lina Wertmüller ne pouvait s’épanouir que dans la très agitée décennie 1970. Après avoir été l’assistante de Federico Fellini sur 8 ½ (1963) et fait ses débuts de réalisatrice avec des œuvres restées inaperçues du public et de la critique, Lina Wertmüller signe son véritable acte de naissance avec le fabuleux Mimì métallo blessé dans son honneur (1972). Humour ravageur, mise dos à dos des utopies politiques de toutes sortes et notion du féminisme toute particulière, Mimì métallo blessé dans son honneur est une œuvre chargée et outrancière contenant tous les motifs qui feront le triomphe des œuvres ultérieures – y compris la présence de l’acteur fétiche Giancarlo Giannini. Mimì métallo blessé dans son honneur le laissait deviner et cela s’affirme dans le flamboyant Film d’amour et d’anarchie (1973), Lina Wertmüller est un grand chantre du mélodrame et l’émotion entraperçues dans certains instants du film précédent éclate avec magnificence même si comme souvent avec elle le contexte conduira invariablement à la douleur et au chaos. Chacun à son poste et rien ne va (1974) viendra conclure cette trilogie initiale en radicalisant le propos sur un postulat reprenant ceux des deux premiers films avec des provinciaux venant se perdre dans l’inhumanité de la vie urbaine. La réalisatrice saura sortir de cette structure tout en poursuivant les mêmes questionnements, la farce cédant au romantisme le plus tendre dans Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été (1974) où les conflits du monde moderne s’estompent dans l’espace d’une île déserte. C’est dans un autre espace sauvage et indompté que se déroulera également le plus beau mélodrame de Lina Wertmüller, la Sicile de D’amour et de sang (1978) qui conclura cette glorieuse décennie. Auparavant, l’artiste aura signé son œuvre la plus audacieuse avec Pasqualino (1975) qui, de l’Italie fasciste au camp de concentration cauchemardesque, fait le portrait d’un être vil et prêt à tout pour survivre, encore une fois superbement incarné par Giancarlo Giannini.

Bonne lecture en attendant un prochain Coin du cinéphile consacré au cinéma de la guerre d’Algérie.


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