Libre et assoupi

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Un vrai bon << feel-good movie >> à la française…

Adapté d’un roman de Romain Monnery, Libre, seul et assoupi (2010), le premier film de Benjamin Guedj met en avant la relation entre trois jeunes colocataires parisiens, Sébastien, Anna et Bruno. Stagiaires, chômeurs ou en quête de non-travail à tout prix, c’est une fresque cinématographique moderne et comique que nous propose Libre et assoupi. Sans prétention ni effets en tout genre, le film suit le quotidien de Sébastien (Baptiste Lecaplain), Bac + 10 au compteur, intelligent et très calme dans son obsession à la non-activité, dans sa fuite pour ne pas travailler non pas par flemmardise mais par amour de la glande. Face à lui, ses deux colocataires sont soit brillante en stage pour Anna (Charlotte le Bon), soit en galère à chercher des petits boulots pour Bruno (Félix Moati). Presque à huis-clos, cette comédie nous amène avec humour et légèreté vers un jeune cinéma comique très agréable et bien écrit.

Tourné dans le Marais à Paris, Libre et assoupi confronte plusieurs idées de la jeunesse, à travers plusieurs thématiques : le travail, l’amour, la solitude. Au quotidien, ce sont d’abord les tâches ménagères, la cohabitation à trois et les détails liés au confort de chacun qui sont propices à la blague, à l’humour. Quand Bruno (Félix Moati) explique sans gêne qu’il aime sortir un bout de sa « teub » de sa couette pour qu’Anna, sa très jolie colocataire puisse tomber amoureuse de lui, ça choque par son côté très naïf et son humour en dessous de la ceinture. C’est d’ailleurs ce personnage de Bruno qui amène un humour potache au film, Sébastien et Anna étant plus futés, plus réservés. En mêlant amour et vie à plusieurs, Benjamin Guedj tend à équilibrer le rôle d’Anna, seule fille du film, face à ce duo très masculin, pour former un trio de jeunes tous les trois très différents. Sébastien a rendez-vous chez un conseiller pour trouver du travail, mais il n’en a pas envie, il aime ne rien faire et ça ne le dérange pas d’être indemnisé par le RSA. Ce que ses colocataires ne comprennent absolument pas. Tout un côté burlesque et à la limite du triste entre en compte dans ce « feel-good movie » à la française… Comment le travail et surtout l’entrée sur le marché du travail vient bousculer l’avenir et les projets d’une jeunesse plus vraiment sûre de ses rêves, de ses envies ? Peut-on vivre bien sans travailler ? Être jeune signifie-t-il forcément être découragé par le travail ?


 

Très bien réalisé, encore une fois sans prétention ni effets de genre, Libre et assoupi a le mérite de faire rire et de nous plonger au cœur d’une aventure amicale, sociale, amoureuse. Par confrontation à son conseiller Richard (Denis Podalydès) pour trouver un emploi, par confrontation à ses vieux amis d’enfance, par confrontation à ses colocataires qui ont un stage ou un petit boulot, Sébastien se fraie un chemin original, celui d’aimer réfléchir, observer, se poser et justifier cet amour par son intelligence, ses études, ses désirs. Il use de son droit d’exister, de vivre, sans forcément devoir travailler. Qui va l’en empêcher ?

Alors, même si le film manque de rythme par moments, même si Libre et assoupi endort son spectateur avec quelques séquences très clichées, il le réveille avec un sujet de long métrage original et plus puissant qu’on ne peut le penser au premier abord. Avec délicatesse et discrétion, Benjamin Guedj amuse et pousse à la réflexion, il sait emmener ses acteurs – bien que Baptiste Lecaplain soit un hyperactif dans la vie ! – vers plus de réflexion, avec du recul sur la société qui nous entoure, sur la difficulté à travailler, sur la question de l’entrée dans la vie active. C’est à la fois agréable et malin, que l’on soit dans un processus d’identification avec les personnages, que l’on décide de les juger ou de s’en moquer, le film a l’avantage d’avant tout faire rire par des blagues toutes les dix secondes, avec gentillesse et finesse.

Titre original : Libre et assoupi

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Durée : 93 mn


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