En un éclairage critique et documentaire, le prologue ouvre sur une jeunesse d’après-guerre existentialiste, choyée et dévoyée, dans les milieux plus ou moins aisés, qui défraie la chronique sur fond de manchettes retentissantes de ses exploits crapuleux. La voix impérieuse du commentaire martèle en off le message édifiant qui caractérise cette génération perdue défiant les normes sociales conventionnelles.
La société d’après-guerre a fécondé en son sein une délinquance juvénile. Talonné par une censure tatillonne, Antonioni sait éviter pour autant les poncifs moralisateurs. Le commentaire clinique impute l’amoralité criminelle de ces jeunes au prétexte qu’ils ont grandi pendant la seconde guerre mondiale dans un monde en émoi où la reconnaissance, le sens de la communauté est à présent oblitéré sur l’autel du modernisme matérialiste. L’impatience d’une jeunesse en mal de repères moraux fraye avec la lie de la société brûlant de démarrer une vie d’indépendance. L’érosion de la moralité et de la vertu civique auprès de cette génération sacrifiée suscite la réflexion.
Trois récits inégaux s’enchâssent : français, italien et britannique qui mettent à jour l’émergence d’un dérèglement sociétal. Qu’il soit un mineur primo délinquant ou un affabulateur criminel en mal de reconnaissance, les protagonistes de chaque pays se révèlent être des sociopathes en puissance, qui n’éprouvent aucune espèce de remords ni d’empathie émotionnelle de quelque sorte une fois leur crime perpétré. Antonioni ne porte aucun jugement à-priori
sur cette jeunesse dévoyée en passe d’être déclassée.