Les Deux Chevaux de Gengis Khan

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Vous reprendrez bien un peu de Mongolie ?

C’est l’été. Les envies de voyages et de grand air nous chatouillent. Les Deux Chevaux de Gengis Khan nous offrent un parfait dépaysement à moindre coût. Si les premiers films de Byambasuren Davaa – L’Histoire du chameau qui pleure et Le Chien jaune de Mongolie – avaient été d’agréables surprises, son troisième long métrage semble révéler autant son ambition réelle que les limites de son approche. Entre cinéma de l’éducation et cinéma de la réconciliation, le film s’affiche sans complexe, ce qui ne serait pas un problème s’il n’oubliait pas la dimension cinématographique dans le traitement de ces deux questions. On suit ici la chanteuse Urna sur les traces d’un chant traditionnel disparu et tenter de faire réparer le violon à tête de cheval familial. Et il est impressionnant de constater à quel point le film ne fait malheureusement que suivre son personnage donnant l’impression d’être toujours à la traîne quant à la nécessité de construire un propos ou d’élaborer une structure à l’ensemble.

Rendez-vous en terre inconnue

Les Deux Chevaux de Gengis Khan s’offre ainsi comme une visite très touristique de la Mongolie. Redoublant le spectateur, Urna découvre ses terres émerveillée adoptant la position de l’animateur TV de documentaires. Eblouissement devant la beauté des lieux, rencontres-interviews avec les habitants, découverte de l’artisanat local… Rien ne manque. Le film finit par ressembler étrangement aux publicités d’offices du tourisme ou d’agences vantant les charmes nationaux en quelques plans types – celle de l’Australie avec son koala et son finale pétaradant est l’un des modèles du genre. La Mongolie : ses paysages, ses racines, ses traditions et la beauté de ses visages burinés… Là où l’unité de lieu du Chien jaune de Mongolie permettait à Byambasuren Davaa de poser sa caméra pour développer un espace, le découper et le reconstruire, en en faisant un moteur pour la narration, Les Deux Chevaux… apparaît comme un guide touristique égrenant les passages obligés, multipliant les images d’Epinal et l’instant photographique dans une sorte d’auto-contentement de ses effets : je chante au bord de l’eau, une enfant fait du cerceau avec une vieille roue, je verse une larme tant l’émotion de ma quête est intense… A n’en pas douter, le discours est sincère mais avec des images et des émotions aussi plastifiées, il est difficile de le partager.

 

Ce constat est d’autant plus décevant qu’il entache largement le probable réel projet du film et les quelques qualités qui parviennent à percer derrière un enrobage tout en sucre, notamment un travail d’invasion sonore assez intéressant. Car il y a dans Les Deux Chevaux… un abord politique et le désir d’évocation de l’Histoire de la Mongolie. Divisée entre la République de Mongolie et la Région autonome de Mongolie intérieure en Chine, la quête d’Urna vise à réunir par la musique les contrées et peuples séparés. Le texte de la chanson recherchée met en avant la transmission des savoirs par deux frères. Des savoirs et des coutumes qui, aujourd’hui largement réprimés, s’effacent lentement des mémoires. Dommage que cet acte plus humaniste que militant se trouve défiguré par une caméra sirupeuse. Apparemment, tourisme et politique ne font pas toujours bon ménage et un guide du routard n’est que peu d’utilité pour rendre compte de l’Histoire d’un pays.

Titre original : Das Lied von den zwei Pferden

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Durée : 97 mn


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