Le territoire des Loups

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A la croisée du thriller et du film de survie, « Le Territoire des loups », non denué de qualités, pêche par une certaine platitude.

Le thème du combat de l’homme contre la nature a inspiré de nombreux réalisateurs. Citons par exemple le documentaire muet Nanouk L’esquimau de Robert J.Flaherty en 1922 et Les Dents de la mer de Steven Spielberg en 1975. Cette lutte prend un intérêt particulier quand elle adopte l’allure d’une lutte (forcément inégale) entre l’homme et des animaux prédateurs. Ce fût le cas du thriller de Spielberg, mais n’oublions pas non plus, avec une réalisation subtile et une histoire palpitante, l’immense Ours de Jean-Jacques Annaud.

Le Territoire des Loups appartient donc à cette catégorie cinématographique mettant en scène des hommes perdus dans une nature inhospitalière et confrontés à des bêtes sauvages. Une nuit, un avion s’écrase dans les montagnes glacées d’Alaska avec à son bord les ouvriers d’une raffinerie. Un groupe survit à l’accident Un chef s’impose, en la personne de John Ottway interprété par un Liam Neeson impeccable de bout en bout, et disons-le d’emblée, principal atout du film. S’ensuivra une fuite vers le sud et une supposée région habitée, avec pour marcher, de la neige jusqu’à la taille, et aux trousses, une meute de loups.

Le film ne triche pas et fait preuve d’un beau réalisme ne serait-ce que par les conditions de sa fabrication qui est en elle-même un exploit, car entièrement réalisée en décor naturel en Colombie britannique, par moins 20 degrés et avec des vents glacés  soufflant à 130 Km/h. Ce tournage dans des conditions extrêmes donne incontestablement un aspect « vérité » à l’histoire, un plus pour le conditionnement des acteurs – au moins dans sa première partie.


 

Après le crash, on pense au drame de cette équipe de rugby uruguayenne dont l’avion s’écrasa dans la Cordillère des Andes en 1972. Vingt ans plus tard, Franck Marshall tira un film de ce drame, Les survivants. Ici, les séquences autour de la carcasse du bi-moteur rappellent irrémédiablement les images marquantes de la tragédie des Andes. Mais la comparaison s’arrête-là. Car Le territoire ne parvient jamais à retranscrire le degré d’émotion que produisirent – d’abord, en son temps, avec le best-seller Les survivants de Piers Paul Read en 1974, puis avec le film de Marshall -, sur le public le récit d’une telle situation désespérée. À aucun moment, par exemple, l’on ne ressent chez les hommes l’angoisse d’une mort toute proche, ni le désarroi devant le choix des armes pour survivre. Malgré cela l’action est soutenue, crédible et surtout Liam Neeson, très souvent en gros plan, est omniprésent. Il y a aussi les toutes premières scènes du film qui le montrent dans l’exercice de son métier de tireur d’élite engagé par la raffinerie pour empêcher les ours, les loups d’attaquer les ouvriers qui s’affairent pour réparer les pipe-lines. Pour anecdotique qu ‘il soit dans le cours du récit, ce moment s’avère captivant, brutal et concret.

Mais curieusement la tension exigée par le scénario, son ressort, s’amenuisent le film avançant. L’intérêt et le suspense vont petit à petit s’effriter. La peur que l’on doit éprouver à l’idée d’une attaque imminente des loups (d’ailleurs ici bien reconstitués notamment avec des marionnettes animatroniques), se dissipe et laisse la place à des discussions entre les hommes traqués, à une séquence tournant presque à la séance de psychothérapie collective dans un sous-bois alors que les loups hurlent dans les parages, pas loin… Ça manque de simplicité, notre inquiétude s’épuise, l’action n’étant pas assez ramassée et par trop linéaire.

Titre original : The Grey

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Durée : 117 mn


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