La longue séquence introductive, plutôt prometteuse, d’une soirée professionnelle, pose les éléments majeurs de l’intrigue. Les dialogues sont de prime abords plutôt fins, et la découverte de la tentatrice par l’épouse est amusante. Le mari sait qu’il est désormais surveillé, la femme sait qu’il en désire une autre, et la tentatrice sait ce qu’elle veut. Soit.
Hélas, dès que le couple est séparé (voyage d’affaires du mari donc), le montage parallèle divise littéralement les récits, et nous assistons à la création de deux mini-films, censés se répondre l’un et l’autre, par la grâce d’un argument aussi plat que finalement bien réac : coucheront ou coucheront t’ils pas ? Qui trompera l’autre le premier ? C’est franchement bien dommage que l’intrigue soit tenue par un fil scénaristique si bas du front. Ainsi, les comédiens, armés de répliques en carton pâte, engagés dans l’échange de longs regards langoureux, tâchent de combler l’heure nécessaire entre l’introduction et le climax d’1H15.
C’est rageant évidemment, et on s’ennuie ferme, surtout quand on pense à un film comme Everyone Else, qui à récemment prouvé qu’il était encore possible d’aborder la question du couple, et même de l’amour, de manière incisive et habitée, et qui lui, n’a pas eu le privilège d’être distribué avec autant de ferveur ! Mais le plus irritant en définitive, c’est que Last Night appartient à cette catégorie de films dramatiques, pudiques (soi-disant), et bobo-chic, aussi peu dérangeants que vite oublié, mais qui abondent sur les écrans. Si on n’y prend pas garde, ce genre de produit, à l’écrin aussi alléchant que son contenu est vide, nous ferait presque oublier qu’il n’y a là-dedans pas la moindre promesse de cinéma.