Las Vegas 21 (21)

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Frime, bagoût et belles pépées : dans le sous-genre << épopée dans la ville du vice >>, Las Vegas 21 tire plutôt bien son épingle du jeu, grâce, surtout, à un rafraîchissant casting et à un scénario astucieux, à défaut d´être révolutionnaire…

Le succès a ce défaut parfois, qu’il fait de vous quelqu’un d’autre. On vous célèbre pour une oeuvre qui, finalement, ne vous ressemble pas. Robert Luketic est-il ce "yes man" sans talent particulier, qui a mis Reese Witherspoon sur orbite avec La vengeance d’une blonde et sa suite ? Ou un bon réalisateur, ayant simplement choisi la comédie nunuche (et rose) pour se « faire la main » ? Impossible de déceler du génie dans ses films, mais, avec Las Vegas 21, Luketic s’achète manifestement une conduite, en remettant sur le devant de la scène le genre ultra-usé du « film de jeu à Las Vegas », immortalisé par des cadors comme Scorsese ou Mike Figgis. Se basant sur l’histoire de petits génies des maths ayant réussi à amasser une fortune en comptant les cartes (et les probabilités) au black jack, Las Vegas 21 renouvelle avec modestie et énergie la vision de l’éternelle ville du vice.

La principale qualité du film, c’est son sens du rythme. Le héros, Ben Campbell (Jim Sturgess, une révélation), nous est d’abord présenté comme un premier de la classe, certes doué, mais trop fauché pour intégrer le prestigieux M.I.T. Ce n’est que lorsqu’il entre en contact avec l’un de ses professeurs (Kevin Spacey, en roue libre) qu’il découvre un autre monde, Vegas, où ses talents d’étudiant vont servir à dévoiler un autre aspect de sa personnalité. Cet enjeu central, qui tient du fantasme universel, nous est méticuleusement montré comme un cheminement inéluctable : propre sur lui et souhaitant juste amasser le pactole nécessaire pour son université, Campbell va surtout céder aux sirènes de l’argent facile et de la flambe totale. Las Vegas 21, durant deux heures, fonctionne ainsi sur un mode binaire, alternant avec méthode les scènes de vie de campus, où stagnent, dans un quotidien fait de concours scientifiques et de beuveries solitaires, Ben et ses amis, et les montages cut des parties de blackjack au casino. Bande-son, effets visuels, même la coiffure du héros change du tout au tout pour que l’on perçoive la différence entre ces deux endroits, situés dans le même pays, et qui ont pourtant l’air d’être sur des planètes différentes.

La construction mécanique du film a bien sûr ses défauts : l’histoire est on ne peut plus prévisible, de la romance obligatoire entre Ben et sa coéquipière Jill (Kate Bosworth, plus à son aise que dans Superman Returns), à l’obligatoire « dernière partie » sous tension et réservant son lot de rebondissements, en passant par la présence d’un méchant-pas-si-méchant, interprété par ce bon vieux Larry Fishburne. Luketic et son monteur Elliot Graham, malgré tous leurs efforts, n’ont pas non plus la vista d’un Coppola, ou même d’un Soderbergh, pour magnifier par des compositions léchées l’ambivalence et le charme vulgaire de Las Vegas. La ville est plus qu’un décor de cinéma : c’est une histoire à elle toute seule, à la source de laquelle 21 (titre original) puise toute sa force de divertissement du samedi soir. C’est plutôt malin – logique, vu l’histoire, et ça a l’air de marcher : le film a été le hit surprise de 2008 au box-office américain. Maintenant que tout le monde sait jouer au Hold’em Poker, il est peut-être temps de se mettre au Black Jack, finalement ?

Titre original : 21

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Durée : 122 mn


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