La Révélation

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Excellente surprise que ce thriller politique allemand, qui noue son intrigue, ses doutes et ses questions dans les labyrinthes du Tribunal pénal international de La Haye. Captivant.

Pour le coup, le titre français est judicieux. La Révélation : oui, en effet, le nouveau long métrage d’Hans-Christian Schmid en est une ! Et sacrément ! Car soyons honnêtes : la perspective de s’immerger dans l’un des sous-genres les plus figés du thriller – le film de procès – n’est pas forcément exaltante au départ. Trop de références, de morceaux de bravoure, de "bla-bla", de figures imposées. Sauf que… Le cinéaste allemand, nourri aux errances sceptiques, déconstruites, sous influence néo-réaliste du "Nouvel Hollywood", investit son sujet avec une exactitude captivante. Quasi documentaire, tout en doutes et en tension. Pour preuve, les premiers plans : une famille apparemment banale en vacances en Espagne. Très vite pourtant affleurent une vigilance et une inquiétude palpables à l’image. Des gardes du corps un peu trop nerveux, des voitures un peu trop promptes à démarrer : sans que l’on y prenne garde, la traque a déjà commencé. Celle d’un homme, celle d’un passé, celle d’une vérité complexe, risquée et… négociée surtout. On y est.

Car ce qu’interroge ce film, au travers du procès pour crimes contre l’humanité de cet homme opaque, ce Goran Duric donc, en passe "accessoirement" d’accéder à la présidence serbe, ce sont les fluctuations – si contemporaines en effet – de la vérité. Les atermoiements de la morale, au fond, face aux rouages économiques et politiques d’un système où l’on manque de temps. Sinon d’intégrité. Nulle thèse ennuyeuse, nulle démonstration asphyxiante : la grande qualité de La Révélation, c’est son regard. D’une sobriété exemplaire, tandis qu’il explore un monde opaque, hermétique. D’une modestie formidable aussi : face à ces "Autorités" impénétrables ou corrompues, Hans-Christian Schmid privilégie l’humain plutôt que l’idée. D’où le sentiment d’opposition très fine de sa manière (caméra à l’épaule, éclairages naturels, concentration sur les comédiens, donc sur les personnages) au fond qu’il explore (la complexité des procédures, le cynisme des bourreaux, le marchandage des fonctionnaires et des politiques). Une opposition d’autant plus idoine qu’elle sonne comme une résistance implicite. En clair, et c’est une bonne nouvelle pour le cinéma, Hans-Christian Schmid, citoyen et artiste, assume un véritable point de vue, dans tous les sens du terme.

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C’est probablement cela d’ailleurs – tout autant que la tension dramaturgique de l’intrigue – qui donne une telle force à son travail. Ainsi, même s’il multiplie les lieux, incertains, labyrinthiques, étourdissants de confusion blafarde, même s’il additionne les langues (anglais, allemand, serbe), broyant encore un peu plus l’identité de chacun dans cette tempête de vents contraires (Storm est le titre originel du film), ce qui émerge et captive tout le long, ce sont bien les liens qui unissent ses protagonistes. Têtus et perdus à la fois. Tour à tour ambigus ou farouches. Nul hasard, de fait, si peu à peu son récit se resserre autour de la détermination orgueilleuse d’une procureure britannique (Kerry Fox, elle habite littéralement ce rôle). Flouée par un premier témoin, exigeant un complément d’enquête, elle va croiser le chemin d’une jeune femme (excellente Anamaria Marinca) qui, elle, n’a de cesse que de vouloir enterrer son passé. L’idéalisme versus l’instinct de survie : qui a raison, qui a tort ? Qui, surtout, a le plus à perdre ? Et qui, enfin, ira jusqu’au bout ?

Inutile de vous dévoiler la fin… Puisque La Révélation s’impose pour son processus, sa quête, bien plus que pour ses réponses. Une dernière chose quand même : ça n’est sans doute pas un hasard si, comme hier dans les années 70 et 80 aux Etats-Unis, le thriller politique oppose aujourd’hui, ici et là à nouveau, une ligne claire, intransigeante, à la confusion du monde. A sa fragmentation concertée et cynique. Le cinéma comme… révélateur : c’est dire si ce film, en plus d’être passionnant, est juste !

Titre original : Sturm

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Acteurs :

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Durée : 110 mn


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