Il était une fois dans l’Ouest

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Jill, la putain magnifique.

Tous les chemins mènent à Jill

Suite à la trilogie du dollar, à un journaliste qui l’interrogeait sur le peu de place que son œuvre accordait aux femmes, Sergio Leone répondit : « C’est parce que mes personnages n’ont pas le temps de tomber amoureux ou de courtiser quelqu’un. Ils sont trop occupés à essayer de survivre ou à poursuivre leur objectif ». Convaincu par Bertolucci, l’un de ses scénaristes ? Léone fait de Jill (Claudia Cardinale), une prostituée décidée à refaire sa vie, l’un de ses plus beaux portraits. Un personnage dont la complexité et la sensibilité préfigurent le Noodles d’Il était une fois en Amérique. Jill Mc Bain s’impose, sans le rechercher, comme le héros principal du film. Devenue propriétaire du ranch de son défunt mari, Jill détient la clé des arcs narratifs masculins : l’appropriation des terres pour Frank (Henry Fonda), la vengeance pour l’Harmonica (Charles Bronson), le rétablissement de la vérité pour le Cheyenne (Jason Robards). Le sort des héros et, bien plus encore, le développement futur de la ville reposent sur les épaules solides de la gente dame.

La femme est au cœur des plus belles scènes du film. A commencer par l’arrivée en gare de Jill. Quelques plans, dont un lent travelling aérien, suffisent pour exposer une grande partie des enjeux psychologiques et sociétaux du récit : la fin des illusions et l’arrivée d’un monde nouveau. Durant la suite de l’épopée, la mise en scène de Léone s’attache à traduire la complexité et les tourments de Jill ; multipliant ainsi les plans serrés et les jeux de miroir. En point d’orgue, la scène d’introspection dans la chambre où, en plongée, la jeune femme nous apparaît au travers d’une dentelle noire.

 

 

La femme totale

La beauté et l’éclat d’un visage sur lequel le vent ramène régulièrement quelques fines mèches échappées du chignon, une prestance et une élégance vestimentaire qui dénotent dans cet univers de sable et de crasse; dès la première apparition, le magnétisme opère. « Je comprends pourquoi tes clients de la nouvelle Orléans pleure ton départ », lui déclare Franck en la déshabillant. Bien plus qu’un objet de désir,  Jill incarne un idéal féminin singulier pour les hommes qui croisent sa route. L’épouse modèle pour Mc Bain, la sulfureuse maîtresse pour Frank, la mère (prostituée au cœur tendre) pour le Cheyenne ou encore l’âme sœur à protéger pour l’Harmonica.

Dans un Far West où les anti-héros  masculins sont incapables de s’en sortir sans l’aide de leur colt, voire même de leurs porte-flingues, Jill ne doit son salut qu’à sa seule force de caractère. Incapables de construire les hommes préfèrent détruire. Ou fuir ; ni l’harmonica ni Frank ne s’estimeront dignes d’une telle âme. Loin de se bercer de douces illusions sur le monde qui l’attend, l’ancienne fille de joie décide de rester pour bâtir la nouvelle Amérique. Alors que tous les autres grands personnages de l’univers Léonien qui survivent finissent par perdre tout espoir en l’avenir, seule une femme semble en mesure de tordre le cou à ce déterminisme.

Lire aussi la critique de Justin Kwedi.

Titre original : Once Upon a Time in the West

Réalisateur :

Acteurs : , , , ,

Année :

Genre :

Pays : ,

Durée : 175 mn


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