Home front : Portrait de l’Amérique en guerre

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La Seconde Guerre mondiale par son prisme le plus humain et quotidien.

À l’instar du gouvernement américain partagé entre sa volonté d’intervenir et son opinion publique réfractaire, la politique hollywoodienne fut dans un premier temps ambiguë à l’égard de la Seconde Guerre mondiale faisant rage en Europe. Le conflit ne pouvait toutefois laisser indifférent ni les dirigeant juifs (souvent d’origine européenne) à la tête des studios ni les émigrants allemands installés à Hollywood. L’incitation à s’engager se fit donc de manière détournée au travers de fables comme Le Dictateur (1940) de Charles Chaplin où To Be or Not to Be (1942) – où Ernst Lubitsch dépeignait des protagonistes polonais – mais aussi de mélodrames comme Arise, My Love (1940) où Mitchell Leisen osait placer des héros américains au cœur des évènements. Si l’idéologie nazie était certes dénoncée dans des œuvres comme Chasse à l’homme (Fritz Lang, 1941) où Les Aveux d’un espion nazi (Anatole Litvak, 1939), elle l’était toujours dans le souci de ne pas froisser le gouvernement et ses relations extérieures – ce même si quelques films traitaient déjà des tensions avec les Japonais dans le Pacifique.

L’attaque de Pearl Harbor viendra bien évidemment bouleverser toute cette stratégie en engageant pour de bon les États-Unis après des mois d’atermoiements. Presque parallèlement à la tragédie, un film avait montré la voie et profondément touché la population : le magnifique mélodrame Madame Miniver (1942) de William Wyler. Certes le propos y était légèrement détourné – un cadre et des protagonistes anglais -, mais le destin bouleversant d’une famille ordinaire plongée en pleine guerre sut toucher le grand public et le film eut une influence déterminante dans la politique de Franklin Roosevelt. Une fois la guerre entamée et parallèlement à des films plus ouvertement belliqueux et propagandistes – Sabotage à Berlin (1942) ou Aventure en Birmanie (1944) de Raoul Walsh -, d’autres productions suivront la voie intimiste initiée par William Wyler. Cela créera le sous-genre du home front soit le récit du quotidien de familles restées au pays mais n’en subissant pas moins les conséquences de la guerre de par l’absence de leurs membres partis combattre. Cela aboutira également à des œuvres sensibles comme Depuis ton départ (1944) de John Cromwell, sorte de relecture moderne des Quatre filles du docteur March (Louisa May Alcott, 1880). Cette approche influera également sur la description psychologique du soldat, être faillible et traumatisé dans Étranges vacances (1944) de William Dieterle ou dans Les Plus belles années de notre vie (1946) de William Wyler, et évoquera le difficile retour à la vie civile. Le front de guerre sera également envisagé autrement à travers le regard des héros de Le Retour (1948) de Mervyn LeRoy avec un couple Clark Gable/Lana Turner mis à nu comme rarement. Un moment clé de l’histoire des États-Unis magnifiquement capturé par des œuvres qui auront su dépasser leur statut pour perdurer à travers le temps.

Bonne lecture avant un prochain Coin du cinéphile consacré à Robert Mitchum.


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