Heritage Fight

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Le film d’Eugénie Dumont montre une Australie loin des clichés touristiques, obligée à son tour de se battre contre les invasions barbares du capitalisme énergétique.

A la fois réalisatrice et directrice de la photographie du film, Eugénie Dumont nous offre ici certes un très beau film sur le plan esthétique. Dès les premières images, en effet, nous sommes frappés par la beauté des images et de l’Australie, qui semble vierge de toute pollution et que certains d’entre nous voient encore comme une sorte de paradis terrestre, avec ses aborigènes, ses koalas, ses kangourous et ses didgeridoos. Loin de la carte postale pour agence de voyages, Eugènie Dumont entre pourtant rapidement dans le vif du sujet et du combat que livrent, même et y compris contre la volonté des autorités publiques, les habitants de la petite ville de Broome, menacés par l’installation de la plus grande manufacture de gaz du monde. Bien sûr, il s’agit encore une fois d’un combat à la David et Goliath puisque les pouvoirs publics sont délibérément pour le géant Woodside, richissime compagnie pétrolière, et que les autochtones, notamment les Goolaraboloo, propriétaires ancestraux des lieux, n’ont que leurs cris et le blocage des routes pour s’opposer à cet acte à la fois criminel et destructeur pour l’ensemble de la planète.

Les amateurs de grands espaces seront vite déçus car l’Australie se trouve ici bien loin du cliché touristique – on en vient rapidement à se demander si on peut encore trouver des territoires non pollués sur Terre. Et, si oui, combien de temps le resteront-ils ? Ce combat inégal entre les pouvoirs publics représentés par Colin Barnett, chef du gouvernement de la région de l’Etat du Western Australia, et des habitants démunis, notamment aborigènes à qui, il faut bien le dire, on a volé leurs terres, a quelque chose d’unique dans ce documentaire qui illustre malheureusement très bien le combat de tous les jours que nous devrions tous mener pour éviter que la planète ne devienne un immense dépotoir. Il est vrai qu’il est fatigant pour les citoyens de devoir sans cesse se battre et défiler quelquefois pour rien ou pas grand-chose. On peut avoir le sentiment que les politiques ne font rien, pas même les écologistes, et c’est une joie de voir qu’enfin, en Australie, l’union des damnés de la Terre pourrait se faire et triompher d’un capitalisme dévastateur et mortifère.

 

Ce documentaire est important car il porte sur le prix de la Terre, cette seule planète que nous avons et que nous nous devons de protéger face au réchauffement climatique et à la pollution. C’est le prix à payer pour rester debout et éviter encore plus de pollution. Un exemple à suivre pour nos paysans des Cévennes et des Causses menacés de plus en plus par les industriels, appuyés par en-dessous par les pouvoirs publics, pour installer les extractions du gaz de schiste. À ce sujet, on verra avec profit le film Promised Land (Gus Van Sant, 2013) pour voir comment les Anglo-Saxons envisagent ces combats.

Ici, Eugénie Dumont se sert avec profit de la beauté des paysages pour faire encore plus ressortir la dureté et l’acharnement mortel de l’industrie qui exploite les sols sans solution pour l’avenir et simplement pour un gain instantané qui ne prévoit rien pour l’avenir des générations qui nous suivront de près, notamment nos enfants. Il est temps de suivre enfin le conseil d’Albert Einstein, qui fut visionnaire quant à la disparition annoncée des abeilles et qui annonce ici la nécessité de changer pour éviter l’apocalypse : « Une nouvelle manière de penser est nécessaire si l’humanité veut survivre. » Mais qui l’écoute ou, du moins, l’entend dans ce monde obnubilé par le pouvoir et la consommation ?

Titre original : Heritage Fight

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Durée : 90 mn


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