Hallelujah, les mots de Leonard Cohen

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Film documentaire sur la genèse et le devenir de la célèbre chanson de Leonard Cohen

Ceci n’est pas un biopic

Voici enfin un film sur une légende de la chanson, le Canadien Leonard Cohen mort en 2016 à Los Angeles. Longtemps présenté comme une sorte de rival de Bob Dylan, qu’il a bien connu, Leonard Cohen va signer lui aussi chez Columbia et c’est à peu près la seule chose qu’ils ont en commun, même si on peut trouver beaucoup de spiritualité aussi chez Bob Dylan, le mystérieux poète folk. Ce film de près de deux heures n’est pas un biopic comme on pourrait le craindre. Il n’est constitué que de films d’archives, d’entretiens et d’images inédites et ce qui en fait sa grande force, même s’il donne des pistes sur la vie du chanteur, c’est surtout parce qu’il est construit autour de la genèse et du devenir de la chanson phare de Leonard Cohen, Hallelujah, que presque tout le monde a fredonné sans savoir que c’est lui qui l’a créée et qu’elle comporte presque 150 couplets, un peu à la manière de la Torah, avec beaucoup de spiritualité mais aussi pas mal d’érotisme. A travers ce beau film, on voit comment la chanson est née, comment il a su l’imposer surtout qu’il n’était pas destiné à chanter sur une scène, lui qui a commencé par écrire des poèmes et qui côtoie chaque jour la mélancolie et la dépression.

Une voix chaude envoûtante

C’est Judy Collins, qui intervient dans le film, qui va lui permettre de monter sur scène et de livrer cette magnifique chanson qui donne son titre au film et qui fera le tour du monde. De nombreux chanteurs l’ont reprise et on l’entend même dans le premier Shrek, dont la production a pourtant insisté pour modifier les paroles les trouvant trop érotiques. Mais c’est la voix chaude de ce crooner angoissé et pudique qui l’interprétera le mieux, même s’il nous est donné tout au long du film de découvrir d’autres interprétations dont celle de Jeff Buckley qui en fera un tube qui occultera presque son créateur. Le film retrace la vie de cet homme digne, réputé pour son charme auprès des femmes, pour son engagement dans la recherche de la pureté dans une communauté bouddhiste où il séjourna sept ans avant de revenir dans le monde pour continuer son tour du monde enchanté et en chantant. Malheureusement, Leonard Cohen est mort avant la fin de la réalisation de ce film qu’il n’aura pas pu voir, mais on y découvre pour la première fois ses nombreux carnets de chanson et de notes.

Alleluia, il en est ainsi

Quelle belle vie et combien ce film parvient à la recréer à travers nombre d’entretiens avec des personnes qui l’ont bien connu, ses arrangeurs, ses amis et, notamment, le rabbin Mordecai Finley, Nancy Bacal, son amie d’enfance depuis près de 80 ans, ainsi que ses compagnons intellectuels, Adrienne Clarkson, le compositeur Larry « Ratso » Sloman, etc. Et aussi sa petite amie de longue date, la photographe Dominique Issermann, qui est celle qui en parle sans doute le plus tendrement : « De cette voix   de légende, surfant sur des vagues de basses, il parle sans les voir, de l’obscurité de la scène, à ces visages graves et intenses, tournés vers lui, le remerciant sans cesse d’un concert à l’autre d’avoir bouleversé leurs vies. Il chante cette prière à cesser la guerre, toutes les guerres, cette prière à se faire aimer, à rester là et à rester libre, cette prière à fusionner et à rester seul. Il écrit, il compose, il chante comme on construit des cathédrales d’où il lance ses sublimes chants qui se répandent en échos mystérieux et initiatiques sur son public touché lui aussi par la grâce. Comme les ondes d’une pierre jetée dans l’eau, Halleluyah se multiplie sans fin jusqu’à la croisée des chemins d’extase et de liberté. Halleluyah !!! »

Titre original : Hallelujah: Leonard Cohen, A Journey, A Song

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Durée : 118 mn


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