Hair

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La mythique comédie musicale hippie ressort en salles. La bouffée d’air qu’elle apporte reste toujours aussi vivace.

 « Let the sunshine, let the sunshine in » : les paroles bien connues de la dernière chanson de la comédie musicale de Milos Forman sont tout sauf mièvres. Par son élan tragique et lyrique, Hair propose une régénération de la société américaine, gangrenée par la guerre au Vietnam, par l’amour et la joie.
Les « United States of Love » face à la « dying nation ».


L’amour subversif

Aquarius, première chanson de la comédie musicale mythique qu’adapte Forman, explore la mythologie hippie, à base de références New Age, d’aspirations à la liberté et d’ouvertures spirituelles :

« When the moon is in the Seventh House
And Jupiter aligns with Mars
Then peace will guide the planets
And love will steer the stars.
»

La singularité du mouvement hippie se dessine dès la première rencontre avec la police : au lieu de l’affrontement, les jeunes danseurs s’amusent à convertir les chevaux de la police à leurs pas de danse. Là se trouve l’idéal de cette génération : faire advenir une société meilleure par la communion des émotions. À travers le regard de Claude Bukowksi (John Savage), jeune Okie de passage dans un New York hippie avant son enrôlement dans l’armée, le spectateur s’initie aux rites, ouverts à tous, de cette communauté. On suit ainsi la prise de drogues, l’amour libre, le culte des cheveux longs – qui donne son titre au film – et le goût de la fête à toute heure et en tous lieux. À chaque fois, l’ouverture aux autres et le désir de partager ses biens – et les bourgeois que croise la bande que rejoint Claude l’apprennent à leurs dépens – guident la sociabilité de cette jeunesse qui invente de nouvelles manières d’être. Au lieu de la restriction de soi et de l’uniforme réducteur, George Berger (Treat Williams), solaire leader du groupe et initiateur de Claude, clame sur les tablées mondaines son amour de la vie. « I got life… »




Les couleurs du désir
 
Comme nombre d’œuvres sur la génération hippie, Hair tresse habilement fond et forme. Pour exprimer la confusion entre réalité et fantasme au moment où Claude ingère une pilule de LSD, distribuée dans une parodie d’eucharistie lors d’un grand rassemblement, le film prend un virage volontairement surréaliste. La séquence ne se contente pas d’un simple montage alterné entre le visage de Claude et sa vision délurée, mais plonge au plus profond de celle-ci : s’y succèdent funambules, feux sacrés, danses à la gloire de Kali, dans un tourbillon extatique qui s’approche, visuellement, de l’orgasme.
Ce ne sont pas les désirs qui se moulent dans une forme préconçue, mais la forme du film qui épouse le foisonnement des désirs. Au-delà d’un récit d’initiation simple et universel, Hair fonctionne comme un ensemble de saynètes hautes en couleurs, une immense parade hippie, un carnaval de l’amour. Au mépris du vraisemblable, la bande de Berger en rencontre une autre en pleine nuit, et s’enchaîne aussitôt un nouveau numéro, Ain’t Got No.
Nous ne sommes pas dans le monde ultra-rationnel calqué sur le modèle de l’armée ; nous sommes dans le monde du rêve, où la société retrouve sa joie de vivre et son désir d’exister ensemble, par-delà les frontières. Nous sommes en plein rêve général.
 

Titre original : Hair

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Durée : 121 mn


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