Footnote

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Une tragi-comédie familiale rarement drôle filmée à la frère Coen pour un résultat assez ennuyeux !

Joseph Cedar, c’est un peu la coqueluche du cinéma israélien, il croule sous les nominations et les récompenses de ses pairs. Régulièrement, ses films sont sélectionnés pour représenter l’Israël aux Oscars et Beaufort, en 2008, conquit facilement le jury de la Berlinale pour remporter l’Ours d’argent du meilleur réalisateur. Son dernier film Footnote est, lui, sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes et repart avec le prix du scénario. Mais pourquoi ? Certainement pas parce que cette tragi-comédie familiale est drôle et/ou réussie.

Certes, le sujet de Footnote (note de bas de page, ndlr) n’est pas banal. En effet, Joseph Cedar s’applique à suivre les querelles familiales sur fond de travaux de spécialistes des études du Talmud. Il s’en suit la lutte cruelle entre le père et le fils, tous deux chercheurs philologues, le premier à la recherche de la reconnaissance de ses pairs, le second à la quête de l’amour de son père. Les armes du combat sont des textes et des références précises au Talmud et aux livres sacrés des Hébreux… une ambiance qui peut légèrement donner la migraine.

Le cinéma de Cedar s’inscrit ici sans difficulté dans la veine contemporaine à la frères Coen. Eliezer et Uriel Shkolnik partagent avec le héro des deux frères de A serious man, ce même quotidien faussement idyllique, répétitif et complètement dépressif. Footnote livre d’ailleurs quelques excellentes scènes dans cette lignée tragi-comique complètement absurde, comme celle de la réunion du jury du Prix d’Israël qui se retrouve dans un bureau bondé plus proche du cagibi que d’un bureau d’un membre de l’Académie. Mais Cedar a le défaut récurrent de trop étirer ses quelques bonnes idées. Là où l’effet devrait provoquer l’hilarité, le spectateur se lasse et finit par être agacé. Ce défaut d’épuiser jusqu’à l’agacement chaque idée et gag est présent dans quasiment toutes les scènes de Footnote et empêche le spectateur d’apprécier le cynisme des situations. On regrette également la bande-son du film que Cedar utilise à tout bout de champ, au risque de nous abîmer les oreilles, elle en vient à être tout simplement insupportable. Le paroxysme de ces deux défauts est atteint lors de la scène finale : Eliezer Shkolnik attend pour la remise des prix, les gros plans stressant et angoissant sur les pupilles et sur les mains noueuses s’enchaînent trop vite, et la musique stridente est beaucoup trop présente, pourtant, cette scène naturellement riche dramatiquement aurait gagné à plus de sobriété.

Si Footnote ne réussit pas à remporter l’adhésion complète, il révèle quand même deux excellents acteurs dont le duo marche à merveille : Shlomo Bar-Aba, le Michel Galabru israélien et Lior Ashkenazi. Il faut également reconnaître que ce genre de tragi-comédie grinçante filmant le quotidien dépressif est une histoire de goût et de couleurs et que cela ne doit pas faire partie des miens (je n’avais pas du tout accroché à l’absurdité de A serious man).

Titre original : Hearat Shulayim

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Durée : 105 mn


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