Cette deuxième journée au sein de la 40ème édition du festival Vidéoformes s’est poursuivie par la visite de plusieurs expositions, partie intégrante de l’événement. Installées aux quatre coins de la ville dans des sites historiques tels que la Chapelle de l’Oratoire ou celle de l’Ancien Hôpital Général, les œuvres permettaient de faire dialoguer les espaces historiques avec les propositions nouvelles de la vidéo.
Nous avons notamment découvert Goldberg’s Variations (2025) une installation interactive créée par l’artiste et cinéaste, Ismaël Joffroy Chandoutis. À l’aide d’une manette de jeux vidéo, le visiteur peut explorer les personnalités qu’a endossées Joshua Rye Goldberg en publiant sur Internet des messages de trolls sous différents pseudonymes. Pour guider cette exploration, l’artiste a conçu une vidéo destinée à être projetée sur le sol de la Chapelle représentant une cartographie des provocations menées par le troll. Celle-ci vise à montrer l’étendue du chaos créé sur Internet par les messages Goldberg, qui, au fil du temps, s’est incarné sous différents personnages. Afin d’interagir avec l’œuvre, le visiteur doit se positionner sur une estrade surplombant la projection de la carte lui permettant de saisir la manette et d’explorer les différentes personnalités que Goldberg a endossées. La surélévation de la plateforme permet une prise de distance tout en offrant une perspective plus critique sur les propos de ces alter ego numériques. Goldberg’s Variations propose ainsi une immersion dans les tréfonds d’Internet et rend compte de l’impact du trolling, une pratique qui ne fait qu’accroître depuis ces dix dernières années.
Vue d’installation, Goldeberg’s Variation, Chapelle de l’Oratoire, Clermont Ferrand, 2025
Cette 40ème édition s’est ensuite clôturée par une soirée dédiée à la remise des prix de la compétition vidéo. Le prix de l’Université Clermont Auvergne, attribué par un jury étudiant a été remis à la vidéo Sublimes (2024). Créée à l’aide de la modélisation 3D, cette vidéo met en scène des poupées dans une société assujettie aux diktats de la beauté. À travers leur choix, le jury a voulu récompenser la jeune création, ce projet ayant été mené par sept étudiants de l’école Piktura. Le prix du conseil départemental du Puy de Dôme a été attribué à Fresh Film (2024), une vidéo reposant sur une mise en abyme d’un trompe œil. L’artiste a peint des toiles photoréalistes représentant des aliments qu’elle a filmé dans un supermarché ; un choix formel simple et percutant dont le format vertical illustre nos nouvelles lucarnes sur le monde. Enfin, le prix de la ville de Clermont-Ferrand a été décerné à Pacific Vein (2024), consistant en une longue fresque animée de collages représentant un pan de la côte Est étasunienne.
Ces vidéos ont été récompensées dans ce qu’elles ont en commun, c’est-à-dire “de savoir guetter les métamorphoses” de notre temps comme l’a justement souligné l’une des membres du jury. Ainsi, c’est sur ces mots que s’achève l’édition 2025 de Vidéoformes et nous avons déjà hâte d’y retourner l’année prochaine !