Festival national du film d’animation de Rennes (du 22 au 27 avril 2025)

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Interview de Jeanne Frommer, programmatrice du Festival.

Le Festival national du film d’animation a été créé en 1983, et a posé ses valises à Rennes depuis 2010. Pour nous présenter sa nouvelle édition Jeanne Frommer, sa programmatrice, nous a accordé une interview.

Le film d’animation est un genre qui acquit ses titres de noblesse depuis quelques années déjà. L’image réductrice (notamment en termes de public)  associée au dessin animé a laissé la place à un diversité beaucoup plus large. Le festival national du film  d’animation de Rennes s’inscrit dans cette perspective éclectique?

Oui, c’est tout à fait l’objectif du festival. Celui que l’on mène de façon générale à l’année à AFCA (association qui organise le festival) , de valoriser la diversité du cinéma d’animation, que ce soit en termes de techniques, 2D, 3TD, l’animation en volume… Mais aussi en termes de publics, il y en a pour tous les ages, au niveau du courts-métrages, il y en a même plus qui s’adressent aux adultes.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce Festival ?

Oui. Le festival a été créé en 1983, c’était alors un davantage un festival d’auteurs qui venaient montrer leur travail. Il a pris progressivement de l’ampleur, s’est déplacé dans plusieurs villes, pour s’installer en 2010 dans la métropole Rennaise, d’abord à Bruz, puis dans la ville elle-même. C’est un festival qui célèbre le cinéma d’animation indépendant français. Au festival nous montrons beaucoup de courts-métrages. On est surtout identifié sur du cinéma d’auteur – pour information, même quand il s’agit d’une production de « petit » studio. Il faut savoir qu’un long-métrage d’animation coute en moyenne six millions d’euros. Nous, ce qui nous intéresse, c’est de montrer des films peu formatés, qui nous offrent un regard différent sur le monde.

 La France est un vivier reconnu pour le film d’animation. Quels liens entretiens le festival avec la création française?

Effectivement le savoir-faire français est salué mondialement. Il y a des producteurs américains qui viennent investir chez nous. Par exemple, Léonardo Di CapriopourOzi la voix de la forêt. Pour revenir au festival, il accueille beaucoup de jeunes auteurs. Des étudiants, on a d’ailleurs une compétition qui leur est dédiée. Cela va permettre à un nombre d’entre eux de percer. On a également des cessions de pitch de projet. Des réalisateurs exposent leur projet à des  des producteurs potentiels. Ce qui va permettre à des projets de se développer dans les années qui suivent. Cela nous permet, à l’ AFCA et au Festival,  de suivre ces films tout au long du processus, de l’écriture jusque sa diffusion. On les accompagne même jusqu’à leur sortie en salle.

Quels sont les temps forts de cette nouvelle édition ?

Cette année on a une nouveauté, un fil rouge, une thématique qui va être la musique et l’ l’enregistrement des voix. Deux masterclass. Une avec Céline Ronté sur les voix et le doublage dans l’animation. Une avec le compositeur ROB, qui a travaillé autant sur des projets de séries, de longs métrages de fiction ou de films d’animation (Féroce d’Izu Troin, In Waves de Phuong Mai Nguyen). Une table ronde également, sur la collaboration entre musique, sound design et postproduction.

Un petit pas de côté, une exposition autour de la figure de Haneen Koraz, formatrice et créatrice gazaouie. Sous sa direction, des courts métrages d’animation sont réalisés par des enfants de Gaza, dans des tentes, sur le « Terrain de sport Al-Anan » dans la partie sud de Gaza, à Deir al-Balah. Des courtes histoires écrites par les enfants, qui racontent la réalité et les difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés.

Par ailleurs, on est un schéma conforme à celui des années précédentes, plusieurs sélections, pour mettre en lumière la création française de l’année

 

Les jeunes et très jeunes publics sont au cœur du Festival. Deux jurys leurs sont dédiés, et il y aussi des ateliers. Le festival a pour mission d’encourager les vocations  ?

Oui, on s’investit de façon spécifique auprès du jeune public. On mène un travail de médiation culturelle tout au long de l’année en Bretagne. Pour faire découvrir en amont le monde de l’animation. Puis, durant le festival on met en place des ateliers. On travaille également avec beaucoup d’étudiants qui sont en formation dans le domaine. D’une façon plus large, le festival a pour mission de donner envie à tous les publics de se rendre en salle.

 Quelles sont ses autres ambitions ?

Cette année on a déjà augmenté le nombre d’accréditations. Un plus pour la visibilité de notre festival. On espère également augmenter le nombre de spectateurs, on était autour des 19 000 les années précédentes, atteindre les 20 000 pour cette nouvelle édition serait dans la continuité de notre évolution. Mais surtout, le plus important c’est d’avoir des retours, autant des professionnels que du public rennais. De savoir que le festival est un vrai rendez-vous, attendu par tous.

 Entretien réalisé par téléphone le vendredi 18 avril. Merci à Jeanne Frommer pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un grand merci également à Estelle Lacaud, l’attachée de presse du festival qui a organisé cette interview.

Rendez-vous sur le site du festival pour le  programme complet de cette nouvelle  édition du Festival.

 

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