Exposition Honoré Daumier à la Bnf

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Du 4 mars au 8 juin, la Bibliothèque nationale de France célèbre le bicentenaire de la naissance d´Honoré Daumier, l´un des plus grands lithographes de presse français (1808-1879).

A travers plus de deux cent vingt pièces (la Bnf conserve la totalité des quatre milles lithographies de Daumier), le style de celui qu’on appelait le « Michel Ange de la caricature », et la portée universelle de son art impressionnent et sont autant de témoins des évolutions techniques et politiques de l’époque.

Honoré Daumier, ce moderne

Sa carrière de lithographe pour la presse est étroitement liée à l’histoire politique de la France, de la Monarchie de Juillet à la chute du Second Empire. Elle se lit à travers des œuvres phares telles que Le Ventre législatif et ses bancs ministériels, Le Massacre de la rue Transnonain (véritable chef-d’œuvre dépassant le simple statut d’estampe, son sujet tragique a préfiguré le courant réaliste pictural, rien que ça) ou La page d’Histoire, mais également des œuvres moins connues que la Bnf a piochées dans cette impressionnante « comédie humaine » en noir et blanc (la comparaison n’est pas fortuite, puisqu’il participa en 1845 à l’illustration des romans de La Comédie Humaine d’Honoré de Balzac).

En 1830, il fait ses premiers pas de caricaturiste politique pour La Caricature, (journal rédigé par Balzac), et Le Charivari, deux revues emmenées par Charles Philipon et clairement dirigées contre Louis-Philippe. L’impudence affichée d’Honoré Daumier envers ce dernier valut à l’artiste six mois d’emprisonnement pour une caricature du roi le représentant en Gargantua.

Les lois de septembre 1835 mettant en place une censure féroce envers la presse, contraignent Daumier à se réorienter vers la caricature de mœurs. Il excelle dans la satire de ses contemporains. Personne n’y est épargné, tout genre et toute classe confondus. Il explore les relations de dominant/dominé, en passant par les vicissitudes des couples dont la drôlerie n’a d’égale que la touche admirable de ce maître de l’estampe. Dans les pages du Charivari, apparaissent alors des personnages tels que Robert Macaire et d’autres types de la société parisienne. En 1840, les caricatures consacrées à la Monarchie de Juillet dans des séries telles que Les Bas bleus, Les locataires et propriétaires, L’Histoire ancienne, Les Gens de justice et Les Bons bourgeois, constituent le meilleur de son art.

Les ailes de la liberté lui repoussent avec les événements de 1848. La proclamation de la République à Paris permet à Daumier de remettre ses convictions politiques sur le devant de la scène à travers le personnage de Ratapoil, archétype de l’agent de propagande bonapartiste. Puis, à la manière d’un reporteur d’images, il retourne à la caricature de mœurs dès l’avènement du Second Empire et s’immisce dans le monde du spectacle quand il ne se consacre pas aux études en plein air qui en font un précurseur de l’impressionnisme.

Outre l’incroyable modernité qui se dégage des planches, l’exposition met en lumière le procédé même de fabrication des lithographies, de la matrice à l’épreuve finie, en passant par les épreuves sur blanc ou les coloriées, et se place ainsi au plus près du processus de création du père spirituel de Cabu et Plantu.


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