Easy money

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Plongée inédite, palpitante et sexy dans les bas-fonds de la capitale suédoise, « Easy money » marche élégamment sur les plates-bandes de la série « The Wire » ou de la trilogie « Pusher ».

Cernés par les polars rouges et noirs de Stieg Larsson ou Camilla Läckberg, on avait fini par sous-estimer injustement les compétences des criminels scandinaves. Or, si la Suède produit d’excellents serial killers et de compétents politiciens corrompus, elle n’a pas à rougir de ses dealers de coke. Une vérité désormais rétablie par un réalisateur de 34 ans, Daniél Espinosa, l’un des plus prometteurs serviteurs de sa Majesté Carl XVI Gustaf.

Adaptation réussie du roman Stockholm noir (Snabba cash en VO), de Jens Lapidus (Plon), Easy money est une plongée inédite dans les bas-fonds de la capitale suédoise. Comme en écho à deux réalisations magistrales — la trilogie Pusher, du Danois Nicolas Winding Refn et la série The Wire, créée par l’Américain David Simon —, on y suit le quotidien de trois criminels, apprenti, petite frappe et gros poisson. Jorge, fraîchement évadé de prison, pense se faire du fric sur le dos d’un gang de dealers serbes dont l’homme de main, Mrado, est absorbé par ses soucis familiaux. Leur route croise celle de JW, étudiant en école de commerce pour gosses de riches le jour, dealer dans un taxi la nuit.

Daniél Espinosa signe son premier film "grand public" avec l’exigence d’un auteur, grâce à un savant dosage entre scènes spectaculaires et plongée dans l’intimité de personnages finement bâtis. Si Easy money ne renouvelle pas le genre du film de gangster, il s’inscrit élégamment dans la tradition du polar sociologique. Le montage, efficace et tendu, évite les pièges traditionnels des films choraux (bavardages, longueurs, redondances…) et rompt la linéarité de la narration grâce à d’intéressantes libertés temporelles. Le casting offre deux révélations : le svelte Joel Kinnaman (JW), parfait en wannabe bling-bling et Dragomir Mrsic, braqueur de banques reconverti en un Mrado charismatique et convainquant. Quant au scénario, confié à Maria Karlsson, il se détache intelligemment du roman, dont il ne garde que la trame.

Le film a été vu par un Suédois sur cinq, y compris par les clients de Jens Lapidus, ténor du barreau de Stockholm spécialisé dans la défense des truands. Il nous raconte d’ailleurs une anecdote que lui aurait confié un flic undercover dans la banlieue sud : chez les criminels de la capitale, on trouverait systématiquement deux choses : un poster d’Al Pacino dans Scarface et le premier tome de Snabba cash. Nul doute qu’en cherchant bien, on y découvrirait aussi le DVD du film.

Attiré par l’odeur de l’argent facile, Hollywood a déjà acquis les droits pour un remake dont la production a, heureusement, été confiée aux talentueux suédois de Tre Vänner (à qui l’on doit notamment le très beau Pure, de Lisa Langseth). On leur fait toute confiance. Même lorsqu’ils nous jurent que Zach Efron incarnera un JW parfaitement crédible. C’est dire…

 

Titre original : Snabba Cash

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Durée : 124 mn


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