Des étoiles

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Des personnages disséminés sur trois continents, qui se perdent et se retrouvent (parfois). De belles images et une grande poésie pour un premier long un peu nébuleux.

Il se dégage de ce film une grâce particulière, emplie toutefois de mélancolie et de poésie, et qui nous plonge au cœur de la vie de la diaspora africaine trop souvent disséminée aux quatre coins de la planète et qui a du mal à retrouver ses repères. C’est pourquoi le film de la jeune réalisatrice Dyana Gaye se compose comme un puzzle dans trois endroits bien distincts du monde : Dakar, Turin et New York avec des allers-retours permanents qui compliquent certes la narration mais donnent une impression de continuité et d’inachèvement à travers une histoire d’amour qui meurt pour renaître dans une autre. Dyana Gaye est à l’image aussi de ce film puisqu’elle se sent à la fois française, africaine et italienne. Elle est née à Paris et a étudié le cinéma à l’université de Paris 8 avant de devenir lauréate de la bourse Louis Lumière pour son premier film Une femme pour Souleymane (court métrage, 2000). C’est dans la continuité de son quatrième court, Un transport en commun (2009) que se situe Des étoiles, puisque la réalisatrice déclare être partie de Souki et Malick, deux des personnages de ce court métrage, pour les adapter dans une deuxième histoire. L’un se rend aux obsèques de son père et Malick s’est transformée maintenant en Sophie, jeune femme partie en Italie à la recherche de l’homme qu’elle aime et qui a émigré à New York sans qu’elle le sache.

Difficile de s’y retrouver dans tous ces croisements qui disent bien l’errance et la volonté d’union des Africains. Le passage à l’île de Gorée n’est pas inutile à cet égard pour tenter de faire comprendre comment s’est développée l’arrivée des Noirs sur le continent américain. Sophie en Italie, Abdoulaye à New York et Thierno dans son retour aux sources au Sénégal, pour lui qui ne connaît que New York. Lors de son arrivée à l’aéroport, accueilli par la famille de Dakar après la mort de son père, l’occasion est belle pour Dyana Gaye de nous proposer une peinture du Sénégal avec ses palabres, ses costumes aux couleurs chatoyantes, la famille élargie et quelque peu envahissante. Des images d’enfants nous resteront en mémoire, tout comme le portrait de la jeune cousine amoureuse de Thierno et qui, sur le bateau devant l’île de Gorée, lors de leur rencontre avec des touristes américains, osera se faire passer à son tour pour une New-Yorkaise.
Il ne s’agit pas seulement d’un film sur le voyage et l’immigration, mais aussi sur l’amour, ses leurres et les rencontres fortuites qu’on peut faire et qui changent notre vie, comme Sophie qui, par exemple, va rencontrer Vadim, jeune Russe qui lui fera oublier Abdoulaye.

C’est un peu La Ronde ici, car Abdoulaye reviendra sans doute et ne la trouvera plus, on ne peut aussi s’empêcher d’imaginer une suite car le film nous propose des pistes, des débuts d’histoire, mais ne nous mâche pas trop le travail. Rien à voir non plus avec les films de melting-pot style Cédric Klapisch. Ici, le film se donne entre documentaire et fiction et s’épanouit surtout en nous proposant de belles images. Des plastiques magnifiques, des visages comme des sculptures Massaï, une lumière, une atmosphère à chaque fois la même et à chaque fois différente, selon qu’on se trouve à Turin, à New York ou à Dakar. Mais partout la même mélancolie, teintée de bonne humeur et de fatalisme. Une pensée pour les acteurs tous très naturels et convaincants, pour la directrice de la photographie, Irina Lubtchansky, et pour Cécile Vargaftig qui a imaginé le scénario avec Dyana Gaye.

Titre original : Des Etoiles

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Durée : 98 mn


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