Chroniques de Cannes 2021 : Jour 7

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Plongée au coeur du Festival de Cannes 2021.

La croisade pour le climat

Aujourd’hui, il faut un peu de patience car le dernier film de Louis Garrel, qu’on adore comme acteur, mais aussi comme réalisateur, digne fils et petit-fils de ses illustres prédécesseurs, ne passe qu’en fin de journée. En 2012, déjà, j’étais tombé sous le charme de court-métrage Le petit tailleur. Je lui avais rendu hommage ici http://jean-max-mejean.over-blog.fr/article-un-film-que-j-aime-beaucoup-et-vous-107379958.html

Petit Garrel a bien grandi, le voici maintenant projeté en nocturne dans la grande salle Louis Lumière pour La croisade qui raconte celle des enfants, entre autres les leurs, ceux de Laetitia Casta par exemple, qui vendent sur Internet les frusques et les montres de collection de leurs parents pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce conte écologique entre de plain-pied dans la nouvelle section éphémère Le cinéma pour le climat. Guillemette Odicino de Télérama en parlait le 10 juillet avec un lyrisme bienvenu. « Dernier scénario du grand Jean-Claude Carrière (déjà à l’œuvre sur L’Homme fidèle), cette Croisade débute en chronique anti consumériste hilarante et riche en autodérision pour fuguer vers une vraie carte (verte) du tendre où une foi, certes candide, mais vitale, dans l’engagement écologique mènera un groupe d’enfants et Laetitia Casta (décidément magnifique quand elle est filmée et joue au naturel, 100 % bio) en plein désert… Une petite bouffée d’oxygène avec de vraies particules de cinéma. »

 

On se lève tous pour la planète

Du coup, ce petit bijou plein d’humour et de tendresse nous a donné envie de jeter un oeil sur les films concernant le climat. Et s’ils sont tous comme La Croisade, la lutte pour l’écologie gagnera en glamour et perdra un peu de sa sévérité protestante un peu indigeste. Ils sont au nombre de sept et il faut bien fouiller dans la liste à rallonge de tous les films de Cannes 2021 pour espérer les trouver.

Animal de Cyril Dion.

Bigger Than Us de Flore Vasseur.

La Croisade de Louis Garrel.

I Am So Sorry de Zhao Liang.

Invisible Demons de Rahul Jain.

Marcher sur l’eau d’Aïssa Maïga.

La Panthère des neiges de Marie Amiguet.

On a repéré aujourd’hui, à 16h30 dans la salle du Soixantième, Animal de Cyril Dion. Bella et Vipulan ont 16 ans, une génération persuadée que leur avenir est menacé. Changement climatique, 6ème extinction de masse des espèces… d’ici 50 ans leur monde pourrait devenir inhabitable.  Ils ont beau alerter mais rien ne change vraiment. Alors ils décident de remonter à la source du problème : notre relation au monde vivant. Saluons cette initiative, même si le monde des adultes n’a pas l’air de s’affoler de l’état de la nature. La preuve : dans ces deux films sur l’écologie vus aujourd’hui, seuls les enfants réagissent. « Alertez les bébés », quoi comme le chantait Higelin ! On a raté Bigger than Us et Marcher sur l’eau qui passaient les 9 et 10 juillet, sans doute y aura-t-il des sessions de rattrapage à Paris vue l’urgence climatique… Impossible aussi de voir Invisible Demons de Rahul Jain proposé aujourd’hui à 19h.

Demain à 19h15, La Panthère des neiges. On essaiera d’y aller, mais il eût fallu prévoir plusieurs projections. Ils feront mieux la prochaine fois, en tout cas c’est une belle intention même s’il paraît assez illusoire de défendre notre planète et notre survie en faisant des films ! On ne saura jamais si, finalement, c’était pas mieux quand le cinéma n’était que l’art du divertissement.

Is cinema an entertainment ?

En parlant de divertissement, il n’y a qu’à se précipiter à 19h pour assister en salle Louis Lumière au dernier film de Wes Anderson en compétition dans la sélection officielle. Alors là, on s’en met plein les yeux avec ces décors toujours sublimes et soignés, et ces tableaux filmés dans un style qui est maintenant sa marque de fabrique, même si on peut être un peu étonné du sujet du film : The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive au XXe siècle.

Et l’amour, qu’est-ce que c’est ?

A 13h, les plus chanceux auront pu pénétrer dans le saint du saint de la salle Bunuel pour découvrir ou revoir le chef-d’oeuvre des chefs d’oeuvre, Lettres d’une inconnue de Max Ophuls. Stefan Brand est un riche pianiste qui aime sortir la nuit et séduire les femmes. Un soir, alors qu’il rentre chez lui, il trouve une lettre d’une expéditrice inconnue. Les premières lignes l’accrochent et la lecture l’occupe finalement toute la nuit. Au fur et à mesure, il se découvre un passé sous le regard passionnel d’un être qu’il a ignoré. Une quinzaine d’années plus tôt, alors qu’il emménageait dans un nouvel appartement, la fille de la voisine est tombée sous son charme. Elle l’a épié, suivi, aimé follement en secret. Elle le rencontrera un jour, ils passeront la nuit ensemble. Pour lui, ce ne sera qu’une passade, pour elle ce sera l’amour de sa vie. Je vous laisse sur cette belle histoire d’amour, loin des problèmes sociaux et écologiques. Demain, accrochez-vous aux radiateurs, je suis inscrit à Titane de Julia Ducournau. Alors on en reparle. Bonne nuit bercée par les palmes de la Croisette ou bonne journée avec un soleil sur mer bleue, avec au large les îles sous le vent.

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