Casse-tête chinois

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Grosse crise de la quarantaine.

« C’est marrant que tu vois ça si compliqué la vie » dit le personnage de Martine à son ami Xavier, quelques quinze ans après son séjour en Espagne. Marrant, on aurait apprécié, mais cette idée de gros bordel qui régnait dans la tête du personnage de l’Auberge espagnole fait définitivement de la peine dans ce dernier volet de la trilogie. La comédie européenne réalisée par Cédric Klapisch en 2001 trouve avec Casse-tête chinois son accomplissement le plus beauf, malgré la gentrification douce qui menace les personnages.
 
Après Barcelone, puis Londres et Saint-Pétersbourg dans Les Poupées Russes, Xavier emballe son bazar pour suivre son ex-femme et leurs deux enfants à New-York, pour ne pas devenir un mauvais père comme le sien qui ne voit jamais ses gosses. Le principal problème du film est une absence totale de consistance scénaristique, découlant d’un manquement plus dramatique encore : le cinéaste ne sait pas quoi faire de son "sujet", l’âge adulte. Plus à l’aise quand il côtoie la jeunesse (La jeunesse a-t-elle une histoire ? récent documentaire sur Arte, Le péril jeune, Chacun cherche son chat) le réalisateur n’a strictement rien de plus à raconter sur l’âge de raison, qui semble l’ennuyer au plus haut point.
 
Résultat ? Il calque les problématiques du Xavier de 25 ans sur celles de l’écrivain parisien à succès qu’il est devenu. On a donc affaire à un bobo exilé à New-York chouinant parce que sa vie est « en bazar, pas simple, mal rangée », un adulte pas franchement immature, mais légèrement dépassé par ses obligations. Tout cela ne nous intéresse aucunement, qui plus est parce que la voix-off qui faisait parfois le charme des deux premiers films vient ici noyer le récit, ne laissant aucune scène advenir.
 
Le cinéaste répète donc, en panne totale d’idées de comédie, les recettes qui ont fonctionné les autres fois : la scène de gens à poil en extérieur, la scène où tout le monde se précipite pour empêcher une infidèle d’être démasquée, la scène où Xavier court dans les rues sur de la musique, la scène où il philosophe sur la ville qui reflète son état d’esprit – original comme choix New-York d’ailleurs – dans un pêle-mêle chatoyant d’images où le soleil semble briller tous les jours.
 
Les personnages féminins font peine à voir, liées qu’elles sont pour rendre la vie impossible à ce gentil Xavier. La copine lesbienne est en passe de devenir un cliché de butch vulgaire, dont le croquis de la vie amoureuse n’est pas forcément bienveillant. Wendy, l’ex-femme adorée, est devenue froide et insensible. Et comme d’hab, Martine est mi-chiante, mi-gentille. Toutes les trois, s’il le pouvait, il les fondrait ensemble pour constituer sa femme parfaite, corps idéal et compagne sereine, tellement Xavier est un peu le Antoine Doinel de Klapisch si vous suivez bien. Difficile de ne pas s’énerver non plus quand on voit combien le film transpire son gros budget, et jamais ne fait l’effort de justifier cet amas de moyens par la moindre idée de cinéma, la plus petite scène de comédie aboutie.

Titre original : Casse-tête chinois

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Durée : 114 mn


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