Pourquoi suis-je ici ? Qu’est-ce que je fais parmi ces gens ? Comment peuvent-ils être heureux ?
Ces interrogations peuvent faire sourire les adultes amnésiques que nous sommes. Le film colle toutefois bien à la réalité adolescente : la frustration d’être un grand trop responsable sous-estimé par ses parents, tiraillé entre ses idéaux et la contrainte sociale, mais néanmoins gros bébé en mal d’amour, prompt à se réfugier en position fœtale sur les canapés. Les plus de vingt ans peuvent aussi s’y reconnaître. La semaine dernière, le teenage movie Be Bad ! présentait ses caricatures de héros à la capacité méditative limitée. Aujourd’hui, place à l’authentique jeunesse italienne.
Leo n’est pas si seule au monde : son histoire est articulée avec celles d’Ali (plutôt habilement, autour d’une soirée pivot en boîte de nuit) et de Michele. Le romanesque Ali, dessinateur enjoué et tchatcheur, se scierait en deux pour séduire la jolie et populaire Maria. Et Michele ? Sa famille partie en vacances, Leo est payée pour prendre soin de celui qui pourrait être son grand-père. Le croisement entre la vieillesse, ici quasi impotente, et l’adolescence, quasi impuissante, est assez pertinent. Michele a grosso modo les mêmes soucis : infantilisé par ses enfants, on prête une attention condescendante à ses délires, du moment qu’il avale ses pilules et son petit déjeuner tristounet allégé en matières grasses… Jusqu’à ce que les deux adolescents débarquent dans sa vie, le faisant renouer avec ses premiers émois.
Je veux me balader toute la nuit. Je veux être forte. Je veux parler toutes les langues du monde. Je veux me sentir bien.
Attilio Azzola doit la fraîcheur de ses acteurs et ses chroniques attachantes à la dimension socio-éducative de son projet, développé aux abords de Milan avec des jeunes anonymes. A l’issue d’un an de cours de théâtre et de séminaires, le scénario a été établi avec la contribution des étudiants. D’où la spontanéité des personnages qui échappent certes aux stéréotypes, mais pas à l’amateurisme. L’ensemble du film manque singulièrement de rythme, à l’exception peut-être du deuxième volet, sauvé par la vivacité d’Ali, incarné par un Amine Slimane pétillant. Malgré quelques rares effets visuels (jeux de lumières, cadrages webcam, …), et le clin d’œil à Caro Diario de Nanni Moretti, on reste encore bien proche du téléfilm bon enfant, cette impression étant aggravée par une musique trop résolument « variétoche ». Dommage que l’équipe n’ait pas bénéficié du budget de Be Bad !.