Bienvenue en Sicile

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« Bienvenue en Sicile » se présente comme une comédie à l’italienne avec le petit plus du film historique dévoilant un pan méconnu de la dernière guerre mondiale.

Dédié à Ettore Scola

Plus connu en Italie sous le surnom de PIF, Pierfrancesco Diliberto, également acteur dans le film, dédie ce deuxième long-métrage à Ettore Scola et on comprend bien pourquoi. En effet, s’inspirant d’un événement historique peu connu, à savoir l’aide de la Mafia auprès des Alliés pour la libération de la Sicile en 1943, Bienvenue en Sicile se présente comme une comédie à l’italienne. D’ailleurs, le titre italien y fait référence : In guerra per amore convoque les films italiens des grandes années, comme par exemple ceux de Comencini ou de De Sica. Le réalisateur le reconnaît d’lui-même dans le dossier de presse : « Je cherchais une histoire qui, tout en conservant l’esprit de mon premier film, La mafia tue seulement en été, nous montrerait un petit homme face à un des grands événements historiques, un film, qui dans le plus grand respect des traditions de la comédie italienne, nous ferait vivre parallèlement une histoire isolée et l’histoire avec un grand H. Notre ambition était de donner vie – de façon respectueuse, humble et sans disproportions – à un chef-d’œuvre comme La grande pagaille de Luigi Comencini. Et nous avons tenté de le faire avec une comédie située au cœur de la Seconde Guerre mondiale à la fois romantique, drôle, mais aussi amère puisqu’elle montre comment un évènement historique, apparemment éloigné, a permis l’ascension de la Mafia et a marqué l’histoire de notre pays. »

 

Une mise en scène précise

Cela donne un film plaisant malgré quelques maladresses narratives et une fausse naïveté qui, justement, rappelle la belle époque de la comédie à l’italienne. De nombreux figurants, des acteurs magnifiques et réalistes, comme Andrea di Stefano et Miriam Leone qu’on avait déjà appréciée dans Fais de beaux rêves de Marco Bellochio (2016), une mise en scène précise malgré quelques scènes qui font vraiment décors, voire transparentes, participent à faire de cette comédie à la fois un moment de divertissement, notamment en raison de l’histoire d’amour sous-jacente, mais aussi un film réellement historique qui explique les imbrications de la politique et de la mafia. C’est une des rares fois où l’on revient sur ce moment historique où les Alliés (Churchill, Roosevelt et Staline) ont décidé de confier la libération de la Sicile, puis de l’Italie, voire de l’Europe ensuite, à la mafia locale, la célèbre Cosa Nostra qui était pourtant tombée un peu dans l’oubli alors, et ce grâce à l’appui de Lucky Luciano qui, du fin fond de sa prison américaine, donna des ordres pour que la Mafia aide les soldats américains après leur débarquement dans l’île parce que les Américains avaient une bien piètre connaissance de l’île et de son dialecte.

Un autre visage de la Mafia

« Nous montrons comment le chef mafieux Lucky Luciano, explique le réalisateur dans le dossier de presse, a été relâché par les États-Unis et extradé en Italie “pour services rendus durant la Seconde Guerre mondiale”. » Il faudra attendre le rapport Scotten, intitulé « Les problèmes de la Mafia en Sicile » pour se rendre compte de l’énorme erreur commise par les Alliés à cette occasion ; ceci expliquant, en grande partie, les errements mafieux et néofascistes de l’histoire italienne dans les années 70 qui n’en sont que les séquelles. Dans le rôle du personnage un peu lunaire, amoureux et héros malgré lui, PIF fait merveille et apporte au personnage principal d’Arturo une dimension vraiment à l’italienne.

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Durée : 109 mn


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