Artic

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Dans le désert glacial de l’Arctique, une carcasse d’avion témoigne d’un accident lointain…

Overgård (Mads Mikkelsen) y a établi son campement. Il tente de survivre dans l’immensité blanche, sous la menace permanente des ours polaires et des tempêtes. Un jour, un événement inattendu le contraint à quitter son refuge de fortune pour se lancer dans une périlleuse expédition.

C’est sur Youtube que le réalisateur Joe Penna a fait ses armes. Depuis une dizaine d’années celui-ci tient une chaîne dédiée à la musique expérimentale et aux courts-métrages. Réunissant près de trois millions d’abonnés, c’est son clip « Guitar: Impossible » qui a notamment fait sa renommée, lequel a d’ailleurs été sélectionné pour être présenté au Guggenheim Museum. Après un passage par la publicité, Joe Penna a réalisé trois courts-métrages : Méridian, Instant Getaway et Turning Point. Arctic, qu’il a co-écrit avec son partenaire de production Ryan Morrison, est son premier long-métrage.

Dès les premières minutes du film, l’espace glacé se referme, opère sur nous le même effet que sur Mads Mikkelsen, ce par un grand soin apporté aux détails visuels et sonores. Le bruit de ses coups de pioche est étouffé par la neige : ici personne ne peut l’entendre. Cette oppression que procurent paradoxalement les grands espaces se fait ressentir tout au long du film. Comme la mise en exergue d’une fatalité sous-jacente, ce sentiment de danger permanent est au cœur des enjeux du récit et, plus formellement, du rythme interne du film. Lequel constitue d’ailleurs l’un des plus gros points forts d’Arctic. Réaliser un film comprenant si peu de dialogues est un défi que seuls un rythme et un suspense constants peuvent tenir.

La nature occupe assurément une place majeure dans le récit, pour ne pas lui attribuer le rôle de l’antagoniste-même. Tantôt impitoyable, tantôt bienveillante, Mads Mikkelsen n’a de cesse de lutter contre les obstacles qu’elle lui présente, repoussant toujours plus loin ses limites. On peut penser à Ága, fiction du bulgare Milko Lazarov. On y retrouvait des éleveurs de rennes sibériens qui luttaient pour préserver leurs biens et leurs traditions ancestrales des intempéries et de l’industrialisation progressive du pays. Mais là où Ága prenait une dimension sociale empruntant ses thématiques à un registre documentaire, Arctic se présente davantage comme un film de survie, de l’ordre du divertissement. Teinté de valeurs héroïques absentes du film de Milko Lazarov.

Le personnage de Mads Mikkelsen est en somme bien énigmatique. On ne sait presque rien de lui, sinon qu’il œuvre désespérément à faire remarquer sa présence aux rares êtres humains qui s’aventurent sur les terres glacées. Joe Penna explique que sa « personnalité transparaît uniquement par les décisions qu’il prend face aux difficultés qu’il rencontre ». Cela résume parfaitement la psychologie de cet homme, altruiste même dans les situations les plus extrêmes. Ode au courage, Arctic entraîne et fascine. On regrette cependant qu’un peu plus de temps n’ait pas été accordé à l’intrigue pour lui permettre d’accentuer l’isolement des personnages au cours de leur laborieuse expédition.

Titre original : Artic

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Durée : 97 mn


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