Arès

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Un manque de moyens qui plombe l’ambition de ce film d’anticipation.

En 2035, la ville Lumière a pris des tons crépusculaires. Dans un pays qui a passé la barre des dix millions de chômeurs, le gouvernement a cédé face aux multinationales qui, en rachetant sa dette, ont pris le contrôle. Alors que la pauvreté a transformé la capitale en bidonville, et que toutes les formes de drogues ont été légalisées, les citoyens peuvent vendre leur corps à la science – devenir cobaye contre rémunération étant désormais un droit formalisé par la loi. Si la population manque de pain, elle a tout de même des jeux via l’Arena, où des champions sponsorisés par des laboratoires s’affrontent dans des combats de free fight sous l’œil des caméras. Arès en était une star, avant un accident qui a détruit sa carrière. Jusqu’à ce qu’un laboratoire l’approche pour lui proposer de tester un nouveau produit.

Un futur pas si futuriste

Quelque chose ne fonctionne pas dans cette dystopie, et peut-être serait-ce à chercher du côté de notre monde actuel : le pouvoir des laboratoires pharmaceutiques, la hausse du chômage, du pain et des jeux… rien de nouveau sous le soleil du futur. Arès pousse certes les curseurs un peu plus loin mais l’argument futuriste est affaibli par le présent, déjà largement placé sous le signe du désenchantement, voire de l’absurde.

 
 
Arès souffre surtout d’un manque de moyens évident, qui se ressent à l’écran. Le même plan de coupe est utilisé à plusieurs reprises, les incrustations sont quasiment palpables, et le nombre limité de décors tient plus de raisons économiques qu’esthétiques. L’espace s’épuise à force de répétitions – dans les plans de coupe, dans les annonces officielles – et finit par nous faire croire que ce monde se limite à cela et qu’il n’existe rien en-dehors du cadre. Une vision hyper focalisée qui nous empêche d’imaginer ce qui pourrait exister dans les autres quartiers, ou les villes alentour. Il y a pourtant une intéressante pauvreté dans la représentation que se fait le réalisateur de la technologie futuriste ; quand on imagine souvent un avenir peuplé de robots, où les voyages intergalactiques seraient par exemple possibles, Arès propose un futur qui a l’air de s’être figé depuis longtemps puisque, côté technologie, seuls des écrans géants placés sur la Tour Eiffel marquent un changement d’époque.

Clichés et clins d’oeil

Qui dit film de genre dit forcément figures imposées, qui peuvent vite se transformer en clichés, comme c’est souvent le cas ici. Rien ne nous surprend car tout se déroule toujours comme prévu, que ce soit au niveau du scénario ou même des dialogues, qui sonnent faux tant ils sont éculés. Faute de moyens on l’a déjà vu, mais peut-être aussi faute de temps pour tout développer : quatre-vingt minutes, c’est dire si le film tend à l’épure, et ce sont les personnages qui pâtissent le plus du dégraissage. Beaucoup sont sacrifiés sans autre forme de procès, quand d’autres se résument à des archétypes immédiatement identifiables, parfois à la lisière du ridicule par la grossièreté de leurs traits.

En fan du cinéma de genre, Jean-Patrick Benes multiplie les hommages : la fin lorgne vers Fight Club (David Fincher, 1999) – le nihilisme en moins -, des cheveux roses convoquent Léon (Luc Besson, 1994), quand ce futur crasse et cynique rappelle New York 1997 (John Carpenter, 1981). Des clins d’œil qui, malgré les nombreux défauts, rendent le film sympathique dans un paysage cinématographique français plutôt frileux quand il s’agit de s’aventurer dans l’anticipation tendance cyberpunk.

Titre original : Arès

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Durée : 80 mn


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