L’amour, évidemment, va les faire mûrir. Les deux personnages sortent progressivement de leur cocon familial, et commencent à voler de leurs propres ailes. Andersson filme avec finesse les premiers sentiments amoureux, la légèreté qu’ils procurent, les déchirements qu’ils provoquent. Les personnages se transforment, se découvrent et apprennent sur eux-mêmes. La timidité des débuts laisse place à une véritable passion. Cherchant à mettre en relief la pureté des sentiments éprouvés par les deux jeunes tourtereaux, Andersson compare implicitement leur situation amoureuse avec celle de leurs parents respectifs. Les uns passent leur dimanche à se préoccuper de la défectueuse installation des portes battantes donnant sur leur salon ; les autres se détruisent à petit feu en échangeant continuellement les pires méchancetés. La détresse reflétée par le monde des adultes tranche avec le trop grand bonheur éprouvé par les adolescents. Le film en devient troublant : se pourrait-il que ces deux jeunes gens viennent un jour à ressembler à leurs parents ?
Conjuguant sentimentalisme avec naturalisme, le film se contente des choix de mise en scène des plus modestes et des plus accessibles. Réduite à de simples jeux de regards, la scène de rencontre entre les deux protagonistes principaux parvient à illuminer sur ce principe l’un des motifs les plus exploités du cinéma. Il est dommage que le film tende assidûment, par la suite, à flirter avec le mielleux. Ne paraissant pas totalement en phase avec son sujet, Andersson signe une surprenante séquence finale. Nettement, celle-ci se détache de tout ce qui la précède. Profitant que le jeune couple batifole à l’écart des regards indiscrets, le réalisateur focalise son attention sur les rapports psychologiques entretenus par les adultes. Empreint d’un fort désabusement, l’ultime passage du film donne au récit une profondeur dramatique inattendue et un tant soit peu inespérée. De par son traitement et sa tonalité, ce petit film dans le film annonce les œuvres postérieures du cinéaste.
Souvent plat et monotone, A Swedish Love Story peine à développer les points les plus intéressants de son scénario. S’attardant sur les aléas de la relation amoureuse, le film perd de vue les possibilités poétiques dont le récit, par souci de consistance, se serait bien nourri.