20 films de l’année 1968

Article écrit par

Dehors, on se tape sur la gueule. Sur les écrans, on pleure, on tire à tout va, et surtout on prononce quelques mots assez fripons. Retour sur des films qui hantèrent l’année 68.

1. 2001 : l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick)
Un must absolu, qui réveilla les consciences et claqua définitivement les boudeurs de la science-fiction. Tout est à prendre et rien à laisser. Entre trip métaphysique et travelling ample, Kubrick se drogue et nous drogue. Le pire, c’est qu’on aime cela.

2. Baisers volés (François Truffaut)
Le générique est clair : la caméra sur un air de Trenet finit sa course sur les grilles fermées de la Cinémathèque. Truffaut va nous conter une belle histoire d’amour, mais n’oublie pas de nous rappeler à l’ordre : le cinéma est partout, même dans la réalité.

3. Barbarella (Roger Vadim)
Une belle pagaille dans cet OFNI. Une Jane Fonda appétissante, un Roger Vadim fébrile aux manettes et un scénario légendaire. Le film a considérablement vieilli, mais garde en lui cette naïveté propre aux années 60. Le cinéma-pop à son apogée.

4. Les Biches (Claude Chabrol)
Un chef-d’œuvre méconnu de l’oncle Chabrol. Dynamitant les histoires à deux voire à quatre, le fils illégitime d’Hitchcock et de Lang savoure les belles jambes des femmes meurtrières, et offre à Stéphane Audran une remarquable composition d’ogresse.

5. Candy (Christian Marquand)
C’est raté, mais adorablement raté. Des acteurs iconoclastes (Ringo Starr), une histoire très manga et une atmosphère psychédélique. Ce film épouse les conventions des années 60, et se perd dans des fumées conséquentes. Une quête initiatique qui fait plutôt rire, aujourd’hui.

6. L’Étrangleur de Boston (Richard Fleisher)
Un très bon Fleisher. De Palma, Fincher, tous ces cinéastes de la peur morcelée ont piqué l’inquiète étrangeté de ce thriller tiré de faits réels. Il faut voir Tony Curtis, dans un contre-emploi, séduire puis étrangler la gente féminine.

7. Faces (John Cassavetes)
Film long mais d’une rare intensité, et qui envoie une belle décharge d’émotions. Une œuvre sur le couple, sur les gestes absurdes, sur le regard triste, sur vous, sur moi. Une œuvre fraîche.

8. Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages (Michel Audiard)
Une curiosité qui continue de faire rire. Audiard, le dialoguiste des plus de 50 ans, se met derrière une caméra et pond un florilège de saynètes grotesques. A oublier très vite !

9. Flesh (Paul Morrissey)
Morrissey est un sacré gaillard qui vient de l’écurie Warhol. Cinéaste taxé d’underground, il va créer une trilogie, celle de la vie, qui sera redorée par l’acteur Joe Dallessandro, légendaire corps d’éphèbe. Film dur, sans concession, qui plonge le spectateur dans la prostitution masculine. Urgence !

 
 
10. Le Gai Savoir (Jean-Luc Godard)
Godard, sacré chenapan. En 68, il descend dans les rues comme tout le monde. S’énerve comme tout le monde et réalise un film comme quelques-uns. La caméra est belle et les acteurs resplendissent par leur phrasé. Une œuvre sur la parole, sur la philosophie tandis que dehors, la musicalité des barricades vrombit.

11. Le Grand Silence (Sergio Corbucci)
Un western étrange, doté d’une impressionnante chute finale. Trintignant peut-il se la jouer Eastwood ? La réponse dans ces images spaghettis.

12. L’Heure du loup – La Honte (Ingmar Bergman)
Deux Bergman sinon rien. Tout Mai 68 se trouve dans ces deux formidables opus. Le corps agressé, l’amour à réinventer et le fantastique à savourer.

13. Les Idoles (Marc’O)
Qui connaît Marc O de nos jours ? Immense metteur en scène de théâtre, réalisateur savoureux et passionné des mots comme personne. Dans ce remake de la starac, Marc O entraîne les acteurs underground de Mai 68 pour une belle fanfare.

14. If… (Lindsay Anderson)
Une fin apocalyptique et surprenante. Malcom McDowell, pas encore chopé par Kubrick, crache sur les institutions scolaires anglaises et tire sur tout ce qui bouge. Bien avant Gus Van Sant et son Elephant, If… narre les pérégrinations meurtrières d’une jeunesse perdue.

15. Il était une fois dans l’Ouest (Sergio Leone)
Après avoir vu ce film, l’harmonica est devenue l’instrument le plus vendu au monde. Un film qui déconstruit le western, l’étirant, lui donnant des coups de pied bien mérités, ne pouvait que se rapprocher de Mai 68.

16. Je t’aime, je t’aime (Alain Resnais)
Un très beau film, pourtant méconnu, d’un Resnais au meilleur de sa forme. Une histoire d’amour qui se répète inlassablement et qui plonge le jeune Claude Rich dans une spirale fantastique. Eternel Sunshine of the Spotless Mind, c’est Resnais qui fut le premier à le réaliser avec Je t’aime Je t’aime !

17. La Nuit des morts-vivants (George Romero)
L’un des plus importants films de cette période. Romero fait un carnage avec ce film de Zombies. L’originalité pointe le bout de son nez, et ce dans toutes les séquences du film. Les morts-vivants font la révolution et c’est étrangement beau.

18. One more One (Jean-Luc Godard)
Godard se prend pour le diable et filme ses enfants : les Rolling Stones. Beau docu-fiction qui mélange solitude de Brian Jones, philosophie de Wiazemski et puissance formelle. Ouh ouh ouh !

19. Théorème (Pier Paolo Pasolini)
Pasolini aime les dangers. Il en est mort. Dans Théorème, il installe un parasite en plein microcosme bourgeois, et c’est Mai 68 qui embellit toute cette populasse. Certes un brin théorique, le film de Pasolini reste un vigoureux témoignage de ce que l’on appela le cinéma-poésie.

20. La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot)
Quelle idée de parler d’un vieux de la vieille ? Revoir ce film est indispensable, tant l’esprit anar et libertaire traverse ce curieux essai d’un cinéaste vieillissant et agressif. Cette histoire de séquestration est purement incisive, car empreinte d’une bizarrerie poétique qui vous reste à travers la gorge. Oui, Clouzot file les chocottes, tel ce corbeau qui surplombe les barricades en quête de cadavres.


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi